Émergence d'une formation professionnelle de type scolaire (1928-1950)

La mécanisation graduelle des entreprises rend le besoin de main-d'oeuvre qualifiée de plus en plus pressant. Pour répondre à ce besoin, des cours du soir sont offerts dès 1928 par le ½Montreal Mechanic's Institute╗ et les sociétés d'artisans. En 1868, le gouvernement québécois s'engage dans la formation des apprentis, avec la création du Conseil des arts et manufactures, subventionné par le gouvernement, les industries locales et les conseils municipaux. Pendant plus de cinquante ans, le gouvernement organise également, pour les travailleurs, des cours du soir leur permettant d'obtenir une formation élémentaire de base ou de la compléter [Charland].

Au début du XXe siècle, le gouvernement québécois constitue en ½corporations╗ les écoles techniques de Montréal et de Québec pour former ce que l'on a nommé l'élite ouvrière et met sur pied des écoles techniques et professionnelles qui visent à former des ouvriers et des employés plus qualifiés. Ces écoles jouissent d'une grande autonomie à tous les égards. Vers 1922, plusieurs commissions scolaires créent des Écoles d'arts et de métiers pour répondre à la demande des industries et donner de l'envergure à leurs municipalités. En 1925, on dénombre quatre écoles techniques créées par le gouvernement dans les villes de Montréal, Québec, Hull et Trois-Rivières et une qui résulte de l'initiative privée, ainsi que des écoles industrielles dans les villes de Sherbrooke, Grand-Mère et Beauceville. Si on ajoute la formation offerte par le Conseil des arts et manufactures, on a le portrait d'ensemble des institutions chargées de l'enseignement professionnel au Québec à cette époque [Charland].

Une première réforme de l'enseignement technique en 1926 entraîne l'abolition du Conseil des arts et manufactures et voit à la création du cours de métiers qui offre une formation moins spécialisée que le cours technique. Cette période est suivie par une augmentation importante du nombre d'élèves qui chutera au moment de la crise économique, pour ensuite reprendre au moment de la deuxième guerre. Une deuxième réforme, en 1941, instaure le Conseil supérieur de l'enseignement technique qui coordonne l'ensemble des programmes d'études de formation professionnelle et technique. Cette réforme a pour but de renforcer le contrôle de l'État sur la formation technique et professionnelle. En 1945, la pénurie d'apprentis, surtout dans le domaine de la construction, amène le gouvernement à reconnaître aux comités paritaires, regroupant comités patronaux et ouvriers, le droit d'offrir de la formation : se multiplient alors de nombreux centres d'apprentissage chargés de la formation des apprentis [Hardy, Grossmann, Hamidou Bah, Aboulaye et Gingras].

Toujours préoccupé par la nécessité d'uniformiser l'offre de formation et de mieux la contrôler, le gouvernement crée, en 1946, le ministère de la Jeunesse et du Bien-être social, dont le mandat est, entre autres, de mieux chapeauter la formation professionnelle et technique. On assiste également, durant cette période d'après-guerre, à une expansion considérable du réseau des écoles : quarante écoles de métiers et instituts techniques sont établis dans la province.