Pluriethnicité et citoyenneté

Introduction
Le phénomène de la diversité ethnoculturelle, linguistique et religieuse caractérise aujourd'hui les systèmes d'éducation de plusieurs sociétés en Occident et ailleurs dans le monde. Au Québec, comme ailleurs au Canada, les établissements d'enseignement font face de plus en plus à la nécessité de prendre en considération cette diversité dans leurs visées et leurs pratiques éducatives.

Le ministère de l'Éducation du Québec entend, dans son énoncé de politique Prendre le virage du succès: Une école d'avenir, politique d'intégration scolaire et d'éducation interculturelle, aider à cette prise en considération en mettant en lumière des principes et des orientations pour l'intégration réussie des élèves immigrants en milieu scolaire québécois et à la société québécoise, ainsi que pour l'éducation appropriée de l'ensemble des élèves aux relations interculturelles.

Dans cette optique, l'intégration est définie comme un processus d'adaptation à long terme, multidimensionnel et distinct de l'assimilation qui, elle, renvoie à l'adoption intégrale de la culture de la société d'accueil et à la fusion avec le groupe majoritaire. Le processus d'intégration, qui postule l'acceptation de références à l'identité culturelle d'origine et dans lequel la maîtrise de la langue de la société d'accueil joue un rôle essentiel, n'est achevé que lorsque la personne immigrante ou ses descendants participent pleinement à l'ensemble de la vie collective de la société d'accueil et ont développé un sentiment d'appartenance à son égard.

La politique ministérielle met en valeur les éléments caractéristiques de l'école québécoise et les principes suivants:
  1. La diversité de l'effectif scolaire;
  2. les principes d'action;
  3. l'exposé de la situation;
  4. les orientations et les principales conclusions.
Que peut-on retenir du chapitre 1 sur la diversité des effectifs scolaires?

D'abord, disons que les mouvements migratoires du siècle dernier ont amené dans les établissements d'enseignement des élèves venant de tous les continents et dont les origines sont diverses. Ainsi, jusqu'à la fin des années 60, la très grande majorité des élèves immigrants étaient originaires d'Europe et d'Amérique du Nord; aujourd'hui, ils viennent surtout d'Asie, des Antilles, d'Afrique et d'Amérique du Sud.

La diversité des effectifs scolaires se traduit aussi sur le plan linguistique: on recense plus de cent cinquante différentes langues maternelles dans le réseau scolaire et un grand nombre sont de familles linguistiques différentes du français. De plus, toutes les grandes confessions religieuses sont représentées.

Cette diversité ethnoculturelle, linguistique et religieuse se répartit dans tout le réseau et s'exprime par une variété de situations. Certains établissements affichent un fort taux d'élèves immigrants ou nés de parents immigrants, les langues maternelles et les allégeances religieuses y sont variées.

Il est important de rappeler que les élèves allophones du secteur des jeunes qui sont arrivés au Québec avant l'entrée en vigueur de la Charte de la langue française, en 1977, se sont dirigés vers les écoles publiques anglophones. Depuis ce temps, la situation s'est progressivement inversée. Selon les statistiques du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport du Québec (MEQ), c'est dans une proportion de 80% que les allophones fréquentaient, en 1996-1997, les écoles de langue française. Désormais, c'est dans ce secteur principalement, mais pas exclusivement que seront scolarisés et formés les élèves d'immigration récente. À cet égard, mentionnons la publication parue en 2006 du ministère de lÆÉducation, du Loisir et du Sport: Portrait scolaire des élèves issus de lÆimmigration: 1994-1995 à 2003-2004. Quant à l'ensemble du réseau collégial, 47% se trouvaient cette même année dans le secteur francophone, comparativement à 15% en 1980.