Le débat sur la langue au Québec demeure un débat particulièrement émotif parce que les Québécois francophones, jeunes et vieux, ont tendance à définir leur identité à partir de leur langue d'expression. Le français devient ainsi pour un grand nombre, l'expression ultime de la liberté et de l'indépendance du peuple québécois.
La politique linguistique du gouvernement a servi et doit servir à protéger et à promouvoir l'usage de la langue française au Québec. Elle supporte en quelque sorte le mouvement d'identification du peuple québécois.
Les deux communautés linguistiques québécoises, francophone et anglophone, ont évolué chacune selon ses convictions et appartenances culturelles et politiques.
Voici en conclusion quelques étapes de l'évolution de la communauté francophone :
les francophones du Canada se sont d'abord considérés comme membres d'une minorité à protéger, même si, au Québec, ils étaient démographiquement une majorité;
leurs nouveaux maîtres, minoritaires démographiquement mais dominants politiquement et économiquement, leur laissèrent généralement l'usage du français et de leurs coutumes juridiques;
l'Église catholique aidant, cette situation de fait leur permit de conserver d'abord, puis de se donner sur une plus grande échelle ensuite, des écoles de langue française;
même avec les vagues successives d'immigrants au début du XX è siècle et entre les deux grandes guerres, la démographie a été favorable aux Québécois francophones jusqu'aux années 60;
avec la Révolution tranquille, les francophones du Québec se sont graduellement mis à se considérer comme majoritaires sur le territoire du Québec et à vouloir se moderniser au point de vue de leurs institutions sociales;
le peuple québécois a pris conscience assez brutalement de la très forte attraction qu'exerçait la langue anglaise dans le contexte Nord-américain sur les nouvelles vagues d'immigration qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale;
les gouvernements ont adopté les lois 63, 22 et 101 afin de se doter d'une politique linguistique en vue de protéger et promouvoir l'apprentissage et l'usage de la langue française au Québec.