La syndicalisation des enseignants : de 1936 à 1967

Un virage déterminant pour le syndicalisme enseignant: 1960-1967

Les événements rapportés ci-dessus, de même que d'autres tels que le changement de chef de gouvernement en 1959 et celui de gouvernement et de parti en 1960, donnent un second souffle à la CIC : de 1959 à 1962, l'adhésion à la CIC passe de 11 700 membres à 33 800 membres (Dionne, 1969). En 1964, la CIC est légalement reconnue comme syndicat, mesure qui s'accompagne de l'adhésion automatique des enseignants des écoles publiques catholiques, de la déduction à la source de la cotisation à travers l'adoption de la formule Rand, de l'ouverture envers les enseignants des écoles privées et un an plus tard, la reconnaissance du droit de grève (accordée à toute la fonction publique). Éventuellement, le syndicat obtient de nettes améliorations sur le plan des salaires, du fonds de retraite, du recouvrement du droit d'arbitrage pour l'Alliance de Montréal (droit de négociation et de grève), de l'amendement de la loi 232 (congédiement annuel).

Par ailleurs, les recommandations de la Commission Tremblay (1953) favorisant une plus grande adaptation du système éducatif aux nouvelles réalités industrielles ont pénétré graduellement la société québécoise, les effectifs enseignants se sont sécularisés, relativement masculinisés (surtout à cause du développement de l'ordre secondaire), les programmes du primaire sont réformés de fond en comble (1949), de même que ceux du secondaire (1953, 1956) et ceux de la formation des enseignants (1953). Ainsi, on assiste à un ensemble de phénomènes qui nourrissent à la fois la tendance syndicaliste et la tendance corporatiste ou professionnelle de la CIC. Sur le plan syndical, la CIC fonde son service pédagogique en 1962, crée les premiers bureaux régionaux en 1963, développe son service technique et amorce une restructuration dès 1964-65, passant de 200 syndicats à 60 syndicats régionaux, correspondant aux territoires des commissions scolaires régionales nouvellement créées, et à dix sections territoriales correspondant grosso modo aux zones économiques nouvellement désignées. Les religieux sont admis et des sections particulières déjà existantes sont maintenues (retraités, directeurs régionaux, directeurs d'écoles, étudiants maîtres). En fait, on assiste à une certaine bureaucratisation de la CIC au détriment des bases locales, le syndicat alignant ainsi son développement corporatiste/professionnel sur celui de la société québécoise en pleine Révolution tranquille.

Répartition en pourcentage du personnel enseignant des écoles catholiques publiques, selon l'état de vie, 1901-1978
Année* Laïcs % Religieux % N
1900-1901a 60 40 8 761
1910-1911a 54 46 11 065
1921-1922 64 36 12 081
1930-1931 61 39 15 405
1940-1941 59 41 18 972
1950-1951 62 38 23 862
1954-1955 66 34 29 412
1960-1961 76 24 38 142
1964-1965 85 15 47 680
1970-1971b 92 8 ...
1977-1978c 92 8 2 539

Sources: RSDIP, 1901 à 1911 et 1951 à 1961; Statistiques de l'enseignement, 1921 à 1945, 1964-1965; R. Cormier et al., Les enseignantes et enseignants du Québec, Une étude sociopédagogique, vol. 3: Caractéristiques démographiques, socioculturelles et professionnelles, Québec, gouvernement du Québec, MEQ-Service de la recherche, 1979.

Pages : 1 2 3 4