Synthèse du Module 11 sur la formation professionnelle
Lucie Dionne, auxiliaire d'enseignement à l'Université du Québec à Rimouski

Au début du XXe siècle, l'industrialisation vient transformer les modes de production. La mécanisation engendre un important besoin de main-d'£uvre qualifiée. Entre 1928 et 1950, on recherche un modèle d'encadrement adéquat tant pour les maîtres que pour les apprentis. La période d'après-guerre, stimulant l'économie, favorisera la mise en place de programmes de formation plus élaborés. Toutefois, la formation professionnelle et technique n'arrivera à s'organiser adéquatement que dans les années 60. En effet, l'implantation de la réforme (1964-68) qu'a entraînée le rapport Parent engendre d'importantes modifications pour la formation professionnelle et technique. Dorénavant, l'enseignement professionnel sera offert par les polyvalentes alors que l'enseignement technique s'impose dans les nouveaux collèges d'enseignement général et professionnel (CEGEP).

Entre 1968 et 1990, l'enseignement technique obtient quelques succès, mais sans répondre aux prévisions. Le taux de diplomation est faible et moins d'étudiants que prévu s'inscrivent aux formations. Durant la même période, l'enseignement professionnel au secondaire essuie les critiques du milieu du travail qui juge les formations offertes non adéquates. De plus, la formation professionnelle, qui devait s'intégrer à la formation générale, se trouve juxtaposée à celle-ci et ne permet pas de poursuivre la scolarité au-delà du diplôme obtenu.

½Les nombreuses critiques du milieu du travail et de divers milieux sociaux obligent le gouvernement à revoir la formation professionnelle et donnent lieu à de nombreuses annonces de changements╗. La réforme de la formation professionnelle de 1986 agira sur l'admission, les clientèles visées, les programmes d'études, la conception et la révision des programmes et sur l'offre des programmes. En 1993, ce sera au tour de l'enseignement collégial d'effectuer une mise au point à la suite de consultations. On vise l'amélioration de la qualité de la formation et l'accessibilité aux diplômes. Déjà, depuis 1992, on offre le mode de formation en alternance travail-études qui, après quelques ratés au départ, donne de bons résultats dans le secteur technique. En 1997, le gouvernement du Québec manifeste sa volonté d'accorder une plus grande autonomie à l'école et la loi 180 amène la création de centres de formation professionnelle (CFP).

Pendant que les institutions de formation professionnelle et technique s'organisent, la formation qu'on exige des maîtres aussi évolue. Diverses tentatives sont faites entre les années 40 et les années 60 pour former adéquatement les maîtres. Or, aucune entreprise uniforme et efficace de formation ne répond aux besoins. Des cours du soir sont offerts aux intéressés, mais, avant la création des premières écoles normales d'enseignement technique (1964), aucune formation n'est réellement exigée pour enseigner aux niveaux professionnels et techniques. En 1975, une formation universitaire est offerte aux enseignants qui trouvent ces programmes de formation souvent trop théoriques. Depuis les années 2000, le nouveau programme de formation est orienté vers la maîtrise des interventions pédagogiques dans les matières enseignées. De plus, depuis 2003, toute personne qui désire se qualifier pour enseigner en formation professionnelle doit compléter un des programmes du baccalauréat de 120 crédits.

Aujourd'hui, la formation professionnelle et technique est fermement ancrée dans le système scolaire. ½Le Québec s'est doté d'un système de formation professionnelle dans lequel est maintenu un sain équilibre entre la centralisation et la décentralisation des pouvoirs.╗ Le MELS fournit le support administratif, financier et pédagogique aux administrations locales qui sont, pour leur part, responsables de mettre en £uvre les décisions centrales. Bien que strictement encadrés par les recommandations du MELS, les responsables de la formation technique et les commissions scolaires chargées de l'enseignement professionnel ont une grande latitude dans l'élaboration des programmes. Les besoins du marché du travail et les impératifs du développement régional sont pris en compte dans le choix d'offrir ou non un programme de formation. Au Québec, on retrouve 21 secteurs de formations dans lesquels se regroupent les 170 programmes de la formation professionnelle et les 110 programmes de formation technique. Les sections La mise en £uvre de la formation professionnelle au secondaire et La mise en £uvre de la formation professionnelle au collégial décrivent la forme que prend l'organisation des services qu'offrent ces formations et donnent un portrait des effectifs. Pour des informations détaillées sur l'ensemble des programmes de formation professionnelle et technique, il est possible de consulter le site de l'Inforoute de la FPT.

L'élaboration des programmes de formation implique une collaboration étroite entre les milieux éducatifs, le gouvernement et les employeurs. Aussi, une foule d'organismes et d'associations contribuent à l'effort de formation. Par exemple, Emploi-Québec entretient des liens étroits avec les institutions de formation en s'engageant à plusieurs niveaux de la formation professionnelle et technique. Les organismes professionnels liés aux différents métiers et techniques sont aussi concernés.

Au reste, des défis attendent la formation professionnelle et technique dans les années à venir. Encore aujourd'hui, le nombre d'inscriptions d'élèves au secteur professionnel est insuffisant. Bien que plus fréquentée par les étudiants, la formation technique doit, de son côté, augmenter le taux de diplomation dont la faiblesse pose problème depuis des années. Finalement, l'harmonisation des programmes demeure un problème. Certains secteurs s'harmonisent mieux que d'autres et facilitent le passage des élèves de la formation professionnelle au secondaire à la formation technique au collégial, mais peu de Centres de formation les offrent.