La formation générale des adultes

Introduction
Depuis la grande réforme de l'éducation qui a suivi le rapport Parent, les agents majeurs de la formation de base des adultes au Québec sont le ministère de l'Éducation du Loisir et du Sport (MELS) et le réseau des commissions scolaires.

Paradoxalement, si le ministère de lÆÉducation (MELS) intervient dans ce domaine depuis le milieu de la décennie 60, son intervention est longtemps demeurée marginale et secondaire par rapport à la formation initiale des jeunes (éducation préscolaire, enseignement primaire et secondaire). De plus, l'action du ministère auprès des adultes est fragmentée en deux directions: la Direction de la formation générale des adultes (DFGA), pour ce qui est de la formation allant de l'alphabétisation jusqu'au diplôme d'études secondaires, et la Direction générale de la formation professionnelle et technique (DGFPT) pour la formation professionnelle et technique. En outre, la première direction ne s'adresse qu'aux adultes alors que la seconde chapeaute la formation professionnelle et technique autant des jeunes que des adultes. Enfin, cette division est accentuée par le fait que les deux directions ont chacune un statut différent et qu'elles relèvent de deux sous-ministres différents.

La division structurelle de l'action du MELS dans le champ de l'éducation des adultes est telle que la politique de formation continue ne concerne, pour l'essentiel, à l'intérieur du MELS, que la seule Direction de la formation générale des adultes.

La présente section porte sur la formation générale des adultes, soit le champ couvert de l'alphabétisation jusqu'à la fin des études secondaires. Le ministère de l'Éducation a fait équivaloir ce champ à celui de la ½formation de base╗ (MELS, 1984, par exemple). Toutefois, cette équivalence peut varier. Ainsi, un courant actuel place le seuil de la formation de base à la fin du premier cycle du cours secondaire, position adoptée par lÆOrganisation de coopération et de développement économique ( l'OCDE, 1999). On retiendra que la ½formation de base╗ est souvent définie par des seuils de connaissance et de compétence (voir glossaire), le niveau de scolarité constituant plutôt une corrélation. Quoi qu'il en soit, nous utiliserons comme synonymes les expressions formation de base et formation générale.

La section se concentrera sur le rôle du réseau scolaire, mais d'autres partenaires sont aussi concernés: le réseau de l'alphabétisation populaire, au premier chef, mais aussi, dans certains cas, des formations assurées dans le cadre de l'économie sociale ou encore de la formation en milieu de travail.

Bref, si le rattrapage a partiellement eu lieu, il n'est pas complété, comme l'attestent plusieurs indicateurs: pourcentage élevé d'adultes québécois ayant un faible niveau d'alphabétisme, taux considérable de décrochage scolaire, persistance d'un pourcentage considérable d'adultes ayant moins de neuf années de scolarité. Or, ce problème persistant de la formation de base des adultes est d'autant plus inquiétant que, conséquence de la poussée en cours du mouvement de scolarisation des jeunes, le niveau moyen de formation s'accroît. Ainsi, les adultes qui étaient peu scolarisés le deviennent davantage eu égard au niveau moyen qui s'élève. De plus, la formation de base est en quelque sorte le socle des apprentissages de base (dont apprendre à apprendre) qui assure la capacité à ½apprendre tout au long de la vie╗. Or, précisément, dans un monde où la formation continue se révèle un complément de plus en plus indispensable à la formation initiale, les adultes qui ont été marginaux ou marginalisés au moment de leur formation initiale se retrouvent largement laissés-pour-compte à l'âge adulte. Cela est confirmé par les statistiques sur la participation à l'éducation des adultes au Canada et dans les pays de l'OCDE. L'éducation des adultes accroît plus qu'elle ne réduit les écarts: les plus scolarisés ou les plus alphabétisés y participent davantage que ceux qui le sont moins.