L'évolution de la formation professionnelle au secondaire (1968 à 1986)

Les remises en question des années 1970
Dès le début des années soixante-dix, l'enseignement professionnel fait l'objet de plusieurs critiques. Les organismes patronaux présentent de nombreux mémoires exprimant leurs insatisfactions face à la formation professionnelle. Ils réclament un enseignement mieux adapté au marché du travail et demandent de participer à l'élaboration des programmes. De fait, la formation reçue n'est pas reconnue par le marché du travail et les diplômés ont beaucoup de difficulté à se trouver un emploi relié à leur formation.

Les organismes scolaires et les organisations patronales dénoncent aussi cette formation perçue comme étant un cul-de-sac, car elle ne permet pas, dans la réalité, le passage à un autre niveau de formation. En effet, la continuité entre les trois ordres d'enseignement souhaitée dans le rapport Parent n'a été possible que pour quelques élèves bien décidés. On constate aussi que la formation professionnelle se retrouve juxtaposée à la formation générale, alors que l'école devait permettre leur intégration. On se montre finalement unanime quant à l'abolition du professionnel court et on propose d'admettre les élèves du professionnel long en secondaire 5.

L'évolution des clientèles
Si l'augmentation de la population scolaire et la hausse du niveau de scolarité sont considérées dans l'ensemble satisfaisantes, il en est tout autrement au regard de l'augmentation des clientèles en formation professionnelle. En effet, en 1976, seulement 26,7% des diplômés du secondaire sortent de la filière professionnelle [Charland]. Bien que la création des polyvalentes visait un accroissement du nombre d'élèves en formation professionnelle et une valorisation de cette filière, dans les faits, la cohabitation des clientèles n'atténue pas les préjugés et les élèves se dirigent en moins grand nombre que prévu vers l'enseignement professionnel. On reproche à l'école de jouer un rôle d'agent de reproduction sociale, car on constate que les élèves du secondaire d'origine sociale modeste passent en bien moins grand nombre au cégep que ceux qui sont d'origine sociale élevée [Robert et Tondreau].

Une révision de la formation professionnelle
Les nombreuses critiques du milieu du travail et de divers milieux sociaux obligent le gouvernement à revoir la formation professionnelle et donnent lieu à de nombreuses annonces de changements. Les premiers changements aux programmes de formation professionnelle seront annoncés dans L'école québécoise. Énoncé de politique et plan d'action [Ministère de l'Éducation]. Ces changements portent sur l'adaptation de l'enseignement professionnel aux élèves, le décloisonnement de la formation professionnelle pour donner accès à une formation continue, la modernisation des équipements des écoles, etc. Ce plan d'action entraîne aussi la création d'un cours professionnel intensif d'un ou deux ans après le secondaire 5.

Les discussions et contestations se poursuivent et amènent le gouvernement à publier un Livre blanc visant la relance de la formation professionnelle. Celui-ci suscitera de nombreuses discussions chez les intéressés qui seront synthétisées et présentées, en 1983, dans les Propositions de relance et de renouveau [Ministère de l'Éducation]. Les travaux de la Commission Jean sur l'éducation des adultes appuient également une révision en profondeur de la formation professionnelle [Commission d'étude sur la formation des adultes].