L'évolution historique de la langue d'enseignement avant la Révolution tranquille

À partir de la venue de la première famille française au Québec, celle de Louis Hébert, Marie Rollet et de leurs trois enfants, jusqu'à la Conquête de 1760, la Nouvelle-France n'est pas très scolarisée. Il n'y a pas de système d'éducation ni de structure administrative centrale. Les quelques écoles qui existent alors, principalement à Québec, Montréal et Trois-Rivières, sont entièrement régies par l'Évêque de Québec et les communautés religieuses qui les ont fondées. Selon [Després-Poirier], ½Quatre catégories d'écoles se retrouvent en Nouvelle-France : les "petites écoles" des bourgs et de la campagne; les écoles d'arts et métiers; le Collège de Québec et trois écoles latines (ainsi que) les écoles de formation supérieure.╗

La langue d'enseignement y est évidemment le français puisque la population (environ 70 000 personnes au moment de la Conquête) parle et vit dans la langue française.

Le Régime anglais

En 1763, la conquête de la Nouvelle-France par l'Angleterre entraîne des conséquences importantes sur la langue. Les Britanniques concrétisent leur victoire en faisant de l'anglais l'unique langue officielle du pays pendant les 75 prochaines années. Ils accaparent les postes clés et font de l'anglais la langue du pouvoir économique.

En 1848, le français obtient finalement lui aussi le statut de langue officielle au Parlement fédéral. Une clause portant sur l'usage facultatif du français ou de l'anglais est incluse dans l'Acte de l'Amérique du Nord britannique (loi constitutionnelle de 1867). La rédaction des lois, registres, règlements, procès-verbaux et journaux devra se faire dans les deux langues. En réalité, l'usage de l'anglais est si bien installé dans les domaines politiques, économiques et juridiques que même les Canadiens français emploient couramment l'anglais, à l'oral comme à l'écrit, dans leurs fonctions.

Un rapport de force plutôt confessionnel

Les choses se présentent toutefois différemment en ce qui concerne l'éducation des enfants. En effet, l'Église catholique conserve pendant toutes ces années le contrôle des écoles et, par le fait même, de la langue de l'enseignement.

La confessionnalité du système scolaire québécois, catholique et protestant, sauvegarde donc le caractère français de la majorité de la population québécoise, française et catholique, jusqu'au début des années 60 (voir section 6.2).