Dans les années 1980, la crise économique entraîne des compressions budgétaires dans les domaines de la santé, des services sociaux et de l'éducation. Le taux de chômage est de plus en plus grand, même ceux qui possèdent un diplôme universitaire se trouvent sans emploi. Cette situation remet profondément en question le système scolaire et la formation qu'il assure.
Dans ce contexte, l'État providence est durement attaqué, les idéologies contestataires qui ont caractérisé les décennies précédentes laissent la place à des nouvelles valeurs centrées sur l'individu. Le conservatisme et le néolibéralisme émergent, donnant réponse aux nouvelles demandes sociales axées sur la recherche de qualité, de la performance, et de l'excellence en éducation. Ces valeurs transforment le visage de l'école québécoise de plus en plus préoccupée de donner réponse aux nouvelles exigences de la société. L'intégration des enfants en difficulté d'apprentissage dans les classes régulières se fait parallèlement à l'offre des programmes spéciaux pour les enfants ½doués et talentueux╗, qui, eux, quittent la classe régulière. Le secteur de l'enseignement privé monte en force, il offre des programmes adaptés aux multiples demandes sociales. Face à cette situation, l'école publique se voit obligée de diversifier l'offre des programmes d'étude afin de répondre aux besoins de certains groupes sociaux en quête de ½qualité╗ et de reconnaissance sociale. L'école publique se divise, offrant des programmes généraux et des programmes spéciaux comme sports-études, par exemple, ou les programmes des Écoles Internationales, réservées à l'élite la plus performante. Ces nouvelles pratiques scolaires, sous le couvert de la performance, de l'excellence et de la qualité, cachent des systèmes de sélection et d'élimination.
Voici les principaux éléments du dossier éducation pendant la décennie 1980.
Contexte global
Crise économique grave (suivant le ½boom╗ des années précédentes);
Austérité budgétaire: coupures et rationalisation. En dix ans, coupures de 1 milliard de dollars en éducation;
Renversement des idéologies des années précédentes et émergence de l'individualisme, du conservatisme et du néolibéralisme;
Mises à pied massives dans les secteurs public et privé. Mises en disponibilité massives (secteur public). Faillites et fermetures (secteur privé). Appauvrissement de la société en général; accroissement des écarts entre les riches et les pauvres;
Mot d'ordre: ½Faire plus et mieux avec moins╗ Augmentation de la productivité. Recherche de l'efficacité. Émergence de la notion de Qualité totale;
Décennie de l'informatique. Grand virage technologique;
Émergence de la globalisation des marchés.
Éducation
Vaste opération de consultations publiques: les États généraux sur la qualité de l'éducation, 1985
Constats
Les enfants ne savent plus lire, écrire et compter.
L'école un ½fourre-tout╗ pour compenser une société et des familles qui ont abdiqué.
Taux de diplomation 1985-1986: 72,85%. Il va chuter à partir de 1987.
Enjeux
Formation fondamentale? Formation générale? Formation spéciale? Ouverture des débats pour tous les ordres d'enseignement.
Accroître la qualité de l'éducation. Qualité totale?
Décisions politiques - Implantations de changements: La réforme.
1981 Nouveaux régimes pédagogiques pour le primaire, le secondaire et le collégial.
Au secondaire, nouvelle grille-matière: implantation de cours comme économie familiale, formation personnelle et sociale, éducation au choix de carrière, initiation à la technologie. La note de passage 60%, auparavant 50%.
Production et diffusion d'une politique éducative L'école québécoise: énoncé de politique et plan d'action, MEQ, 1979, des programmes d'études et des guides pédagogiques, du matériel didactique autorisé.
Amorce du renouvellement des programmes de l'enseignement professionnel (1980-1989).
Production et diffusion du document L'école, une école communautaire, MEQ, 1982. L'idée centrale est celle de valoriser l'école, en faire le pivot du système par le ½projet éducatif╗ et un nouveau partage des pouvoirs.