Tout le monde s'entend pour dire que les années 1960 revêtent une importance capitale dans l'histoire récente du Québec et dans la constitution de son actuel système éducatif. En effet, la défaite de l'Union nationale et l'arrivée au pouvoir de Jean Lesage à la tête du parti libéral, en 1960, constituent les événements qui marquent le début de la Révolution tranquille. L'appareil politique québécois se donne alors comme objectif de moderniser le Québec pour l'adapter au développement du capitalisme. L'idée est de ½rattrapage╗, car il s'agit d'accélérer le processus de mise à jour et de modernisation qui avait été freiné, au Québec, par Duplessis. Le gouvernement met toutes ses énergies à bâtir un nouvel appareil d'État en se donnant une série de réformes, de transformations sociales et économiques. Les idées de force de la Révolution tranquille, en particulier le réformisme et le nationalisme, imprègnent l'évolution de la société pendant cette décennie et sous-tendent la pensée politique jusqu'à 1980.
L'évolution économique du Québec est caractérisée par une grande prospérité et les grandes réformes surviennent dans les domaines économique et politique, avec une forte poussée d'industrialisation dans le domaine de la transformation. Ces changements économiques coïncident avec le développement de multinationales et l'émergence d'un capitalisme d'État. Sur le plan politique, trois secteurs voient leurs structures et programmes bouleversés: l'éducation, la santé et les affaires sociales.
Dans le secteur de l'éducation, la démocratisation et l'extension de l'enseignement public et gratuit, de même que le remplacement des anciennes structures administratives, sont les objectifs fondamentaux du gouvernement.
La Commission royale d'enquête sur l'éducation, présidée par Monseigneur Parent, est créée en 1961 et elle remet deux années plus tard, le premier tome de son rapport. Celui-ci juge très sévèrement l'état de l'éducation au Québec et propose une éducation pour tous, ½sans distinction de classe, de race, de croyances et cela de l'école primaire jusqu'à l'université╗. La Commission recommande aussi la création du ministère de l'Éducation et du Conseil supérieur de l'éducation. Dans ce contexte, l'éducation se transforme et, en quelques années, le Québec avait surpassé la moyenne canadienne pour la proportion des enfants fréquentant l'école ainsi que le budget consacré à l'éducation. (Voir: Module 2, De la réforme issue du rapport Parent).
Voici les points de repère les plus importants de cette conjoncture.
Contexte global
Révolution tranquille: les libéraux prennent le pouvoir à Québec;
Fin du règne de Duplessis (1936-1959);
Idéologie de rattrapage et de modernisation: faire accéder le Québec au XXe siècle;
Secteur de l'éducation sous-développé si on le compare au Canada anglais et aux autres pays modernes;
Éducation
Vaste opération de consultations publiques: les travaux de la commission royale d'enquête sur l'éducation.
Constats (avant la Réforme)
Écoles de rang, écoles techniques ou de métiers, écoles normales, collèges classiques, et quelques universités;
L'éducation était entre les mains des communautés religieuses et de l'Église; modèle autoritaire, appuyé sur une triple base: religion, langue et nation;
L'école était réservée aux enfants des familles riches (seule l'élite canadienne-française était instruite);
Taux de diplomation au secondaire : environ 25%.
Enjeux
démocratisation de l'école et du système scolaire afin de construire une institution qui appartient à tous (attention particulière aux enfants des milieux défavorisés);
accessibilité à la formation de base (primaire et secondaire, avec le principe d'une école gratuite et obligatoire), à l'éducation permanente et à l'enseignement supérieur;
l'égalité de chances et la promotion sociale pour contrer le poids de l'origine sociale et géographique.
Décisions politiques - Implantation de changements: La réforme.
Restructuration complète du système scolaire (1966) autour de deux éléments: la langue et la religion (commissions scolaires confessionnelles, secteurs français et anglais).
Élections scolaires démocratiques.
Les administrateurs scolaires sont obligés de rendre des comptes aux contribuables.
Création des écoles secondaires polyvalentes et des collèges d'enseignement général et professionnel (cégeps), intégration de l'enseignement général et professionnel.
Création du réseau de l'Université du Québec (on dessert tout le territoire de la province).
Nouveaux régimes pédagogiques: préscolaire, primaire, secondaire et collégial.
Mise en place des programmes cadres pour l'enseignement avec l'objectif d'uniformiser, standardiser...