Vers une professionnalisation de l'enseignement à travers les lieux de formation

Les auteurs qui se sont penchés sur le sujet s'entendent sur le fait qu'au Québec, c'est le rapport Parent [Commission royale d'enquête sur l'enseignement dans la province de Québec] qui ouvre la voie de la professionnalisation de l'enseignement, en proposant une nouvelle définition de la fonction enseignante, de la place des enseignants dans l'école et de leur statut social. [Lessard, C. et M. Tardif] C'est ainsi que le Règlement n║ 4 promulgué en 1966 fixe les règles d'attribution des permis et des brevets d'enseignement et détermine le lieu de formation initiale et continue à l'enseignement: l'université. Ce règlement reste en vigueur jusqu'en 1994, où une réforme en profondeur de la formation initiale est mise en place. Les facultés des sciences de l'éducation voient ainsi renforcée leur mission professionnelle à travers le ½recentrage de leur mandat sur la formation initiale des maîtres╗. [Tardif, M., Lessard, C. et C. Gauthier]

Rappelons qu'auparavant, soit depuis 1836 où est promulguée la loi créant des commissions d'examens pour les aspirants maîtres d'écoles, la formation des enseignants relève d'institutions diverses, publiques et privées. À partir de 1898, le Bureau central des examinateurs catholiques (BCEC) est chargé d'émettre les brevets d'enseignement, à la suite de la formation donnée par les trois écoles normales d'État confessionnelles, créées en 1856 principalement à l'intention des hommes d'abord et des femmes par la suite (catholiques: Jacques-Cartier, Laval; protestante: McGill).

Parallèlement, à la fin du 19e siècle, on assiste à la mise sur pied d'un réseau d'écoles normales, avec écoles d'application, tenues par des communautés religieuses à l'intention des filles, puis, dans les années 1930, la transformation des scolasticats de garçons en écoles normales. Pendant ces années-là, se développent aussi des écoles supérieures de pédagogie, affiliées aux universités. À partir de 1939, suite à l'abolition du BCEC, les écoles normales sont officiellement chargées de l'accréditation des enseignants. À l'aube du rapport Parent, on se retrouve donc avec 71 écoles normales de filles et onze écoles normales de garçons dispensant une formation essentiellement axée sur les contenus des écoles primaires. Hamel [Hamel, T.] observe que la pédagogie occupe une place marginale, la ½formation professionnelle╗ s'acquérant plutôt au fur et à mesure de l'insertion dans le métier.

À partir de 1969, donc, les écoles normales disparaissent ou s'intègrent aux universités. On assiste, entre autres, à la création du réseau de l'Université du Québec (1968: loi 88), avec la formation des maîtres comme première mission (ce qui n'est le cas d'aucune autre université québécoise). La formation est alors dispensée dans les trois universités constituantes du réseau créées en 1969: à Montréal (UQAM), à Trois-Rivières (UQTR) et à Chicoutimi (UQAC). De plus, cette formation est aussi offerte dans les centres offrant des services universitaires à Rimouski, à Hull et à Rouyn-Noranda (voir module 10 pour plus de détails). L'accessibilité à la formation à l'enseignement et, par conséquent, à la profession enseignante, est presque généralisée à l'ensemble du territoire québécois.

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