Les Aventures de Lucky Pierre, séquence des titres
Robert Coover

Copyright © 1997 by Robert Coover
traduit par Béatrice Trotignon du texte original en langue anglaise, The Adventures of Lucky Pierre


(Cantus.) Doucement, dans l'obscurité. Un murmure se transforme en une note, en l'écho d'une note. Une complainte naissante, douce et dolente, qui gémit dans la nuit comme un souffle de vent, comme l'écho d'un souffle de vent, un plain-chant qui s'élève au loin dans les chambres de la nuit balayées par le vent, qui s'élève à l'unisson dans les chambres espacées de la nuit amère - pauvre ville solitaire, elle qui grouillait de monde autrefois - c'est ainsi que résonne dans le lointain, pleurant la ville solitaire, un épicédion mêlé de sifflements.
À présent, une lumière vacille, une pâle clarté surgit de l'obscurité comme éclairée par une chandelle, une chandelle qui coule dans le vent glacé, une chandelle oubliée, cachée puis retrouvée, dont la lueur incertaine vient caresser cette surface d'une blancheur évanescente, tantôt visible, tantôt perdue à nouveau dans le gouffre ténébreux au fond de l'oeil.
Et toujours cette douce plainte, qui persiste malgré la lumière, qui compose ses fricatives avec acharnement comme un vent continu de douleur, écho de la douleur, affanato, piangevole, comme un souffle de vent piangevole qui grossit dans la nuit frémissante jusqu'aux primes heures de l'aube, et qui se lamente sur la belle princesse devenue veuve impure - c'est un développement en Do, le Do hésitant, dolent, du début - et tandis que la veuve pleure de détresse dans la nuit, la chandelle parcourt l'étendue pâle à la recherche d'une forme, d'une suggestion de forme, baume pour l'oeil avide, et elle, l'éplorée, toujours verse des larmes.
La faible lumière, la lumière du monde, alors plus intense au centre, vacille et chancelle aux pourtours, enchevêtrements tangibles de paraboloïdes en ce doux tourment, tandis que la complainte explore son mode, troisième renversement, aucun de ses amants n'étant venu la consoler, et que l'oeil se repère enfin découvrant à l'horizon un terrain composé de nodaux synclinaux, aride, balayé par le vent, tantôt flou, tantôt distinct.
Tantôt distinct : c'est une étrange vallée, dont la ligne médiane et les crêtes sont plus lumineuses que les flancs, le long desquels on devine de la végétation, comme une pinède ensevelie sous la neige, et on entend toujours la complainte funèbre, sospirante, elle est traquée comme une bête, Do puis Do et Fa encore, sans qu'elle trouve jamais le repos. Combien sont-elles à avoir rendu leur dernier soupir en cet instant ?
La complainte, qui gémit dans la pénombre de la vallée comme une veuve affligée, continue de pleurer la ville solitaire. Voilà qu'elle est rattrapée au milieu des étroits défilés. Elle continue de se désoler, ne tenant pas compte des illuminations graduelles, c'est une douleur prisonnière de secrets acrostiches, lointaine captive. Ses portes sont toutes à l'abandon. L'oeil court le long de la vallée jusqu'à son embouchure béante, passe quelques vagues excroissances éparses aux extrémités luisantes, remonte tout au fond du défilé, puits de détresse inconsolable, étroit et obscur, et pleurant le déracinement de son if, ses prêtres soupirent, ses vierges sont affligées. Gravis. Innig. Amère, oui con amarezza, elle est amère.
Au-delà de cet orifice noueux, cratère plissé, trop affligé pour s'exposer au chant ou à la chandelle, se trouve une prairie plus calme, plus lumineuse, et cependant bordée par les traces d'une multitude de transgressions, une prairie que l'incertitude et la faiblesse rendent difficile d'accès et qui n'est pour ainsi dire qu'un propylée ouvrant, juste un peu plus loin, un peu plus bas, sur un temple occulte où se déchaînent l'excès et la furie…
Ah, quel spectacle que ce terrain sauvage violemment fendu de part en part, et offert comme une fosse béante ! La lumière s'embrase puis pâlit, vacille comme si elle était soudainement happée par un violent coup de vent, comme si elle était voilée par le passage d'une harde de cerfs en fuite. O malheur, les princes de la prairie se voient refuser l'accès aux pâturages, la nature est prise de secousses, et le bruit d'un formidable branle-bas, entrecoupé d'occlusives, retentit partout. Angoscioso et disperato, ce n'est que montée et descente d'intervalles dans la pénombre frémissante de l'aube.
Des traits noirs irradient en mesure de cette arène de turbulences et s'étalent sur les flancs des collines environnantes comme des zébrures de fouet infligées un jour de courroux, et à l'extrémité des barres noires se trouvent, tels des manches de fouet pour estropiés, des lettres - des neumes clignotants. ORIFICE VAGINAL. LABIA MAJORA. Ce n'est pas un propylée, mais un PÉRINÉE. L'ANUS. Hélas, ils sont méprisés car ils ont vu qu'elle était nue. Do puis Do et Fa encore. Comme l'écho de lettres, comme la trace de codes, comme le souffle des lèvres, oui en vérité, elle soupire, et se tourne de dos - simple cantique aux notations inscrites sur la croupe d'une femme agenouillée, sur cette femme agenouillée, sur cette croupe : URÈTRE, CLITORIS, des indications en caractère gothique qui tremblent dans cette lumière spectrale, lumière du monde, lumière d'une ville solitaire tout au bout de la nuit, à l'heure la plus froide. Et qui crie : la saleté est dans ses franges.
Entre les intrados écartés de ses imposantes cuisses, en dessous de la clef de voûte de son con, garni de pétales et de barbes, et à travers un filigrane de lettres, mystérieusement suspendu à l'arcade - COUSSIN DE CHAIR, tantôt saillant, tantôt relâché - au-delà de tout cela, on aperçoit au loin les mamelons, flottant dans le vent, portés par le vent de l'aube, oh, elle s'est merveilleusement penchée en avant pour cela, oubliant sa croupe, les seins lourds de lait, et leurs gros mamelons gonflés de promesse. Ils se balancent dans le vent, et quelque chose s'en échappe effectivement, oui, comme du lait givré ; c'est de la neige ! Il tombe de la neige, il en tombe des gros mamelons, elle tournoie dans le vent glacial, sous le ventre pâle et plissé du matin d'hiver, et s'échappe de l'ANUS et du CANAL VAGINAL ; il neige sur la ville.
O Seigneur, vois ma douleur. Tout n'est que profonde désolation dans cette ville accablée, aussi loin que porte le regard, ce ne sont que pierres entassées jusqu'aux confins de la terre, gisantes au coeur de l'hiver, au coeur de la tempête - qui a pu faire naître de ses mains tant de vacuité ? l'ennemi s'est exalté. Cependant voici le decrescendo, il pose la main sur ce qu'elle a de douceurs, diminuendo, le gémissement grinçant des moteurs en sur-régime couvrant déjà les intervalles, car en dépit de tout, d'indistinctes tours aux pointes de rubis se dressent obstinément dans la neige tourbillonnante, et tout en bas une multitude de lumières rouges et vertes clignotent en suites fuguées, les cheminées crachent des bouffées d'accords renversés et poussent des clameurs de défi, métalliques et retentissantes, et des millions de ruelles obscures engloutissent les flocons à l'instant même où la neige aveuglante efface leurs terrifiantes ténèbres.
À travers la ville et dans la neige, sous le ventre gris d'une matinée de métropole, marche un homme, marche l'ombre d'un homme solitaire, comme la silhouette d'un panneau de passage piéton, le photogramme d'un homme qui marche, prisonnier d'un triangle vide et blanc, d'un désert délimité par trois bords, qui marche seul dans une parabole vivante de triades vides, entre deux lignes pointillées, tracées pour ainsi dire par son but même : qu'il neige ou non, il lui faut à jamais marcher entre ces lignes et prendre des risques - ou plutôt, peut-être qu'il s'agit *vraiment* là d'un panneau de passage piéton, estompé par les tourbillons de neige, et effectivement voilà que l'homme passe sous le panneau coupant à la perpendiculaire le couloir imaginaire, la ligne pointillée et étroite. Le voilà, le pauvre homme tout recroquevillé pour se protéger de la neige et du vent et de l'heure matinale, et tout blotti dans son manteau, le voilà qui croise les autres piétons, ces ombres d'hommes qui tracent perpendiculairement des lignes pointillées, et il en croise plus loin d'autres encore, il se fraye un chemin à travers des foules de gens inquiètes, transies de froid, tandis que les klaxons retentissent, que les freins crissent, et que les sirènes mugissent et tous les gens de la ville soupirent, partent à la recherche d'un gagne-pain, et du dernier écho gémissant d'un plain-chant qui coule comme une chandelle dans la circulation du matin.
Le chapeau enfoncé jusqu'aux oreilles, au ras des sourcils froncés, le revers du manteau retourné contre la bordure du chapeau, l'écharpe remontée sur le menton, l'homme est pour ainsi dire enseveli dans ses vêtements d'hiver. Seuls les yeux étincelants de frustration, exorbités par le désir d'avancer plus vite ressortent, et en-dessous des yeux, le nez pincé, les narines dilatées par l'indignation, les joues rouges et gonflées, les dents qui claquent et laissent s'échapper des bouffées d'air givré. Sous la moustache, la bouche est toute durcie et plissée en avant, bon dieu quel froid, qu'est-ce que je fiche dehors ? Il a les mains profondément enfoncées dans les poches du pardessus et, dépassant de son épais manteau à chevrons, tel un rouspéteur irascible et borgne, son pénis, baguette de fusil dressée dans le vent du matin, que des cristaux de glace font scintiller, le bout bleui, brandi contre la foule lugubre, masse sombre, tourbillonnante et impersonnelle de corps dans le froid qui peine dans la neige et qui, insensibilisée, cherche surtout à se protéger le cerveau de l'engourdissement.
Oh le dernier des couillons, quel maudit pétrin, gémit-il comme il avance, les joues ruisselantes de larmes, les dents qui claquent, des glaçons de morves dans la moustache, il s'accroche, les jurons sont la seule chose qui le réchauffe, la seule chose dont il puisse se dire qu'elle le réchauffe, il se fraye un chemin à coups d'épaules à travers une foule toujours plus dense et plus hébétée, évitant de marcher sur les cadavres des suicidés, les veinards ce sont eux, mon vieux, c'est pas toi, tout le monde s'en tape, d'ailleurs ils passent tous en trombe, pourquoi veux-tu jouer au héros de mes deux ?
Il traverse ainsi l'hiver, haletant et soufflant, pleurant sur son triste sort, transi de froid, n'en pouvant plus de tenir bon, mais terrifié à l'idée de mourir, il se les remonte et les remet en place, une deux, hop, bravo mon gars, le voilà parti, la légende vivante, qui sait, peut-être le dernier de sa trempe, que l'on peut voir dans les tourbillons de neige, à travers un tissu de messages, grossier filtre de mots, se lamentant sur l'entropie du monde et sur la neige qui lui coule le long du cou, dansant sur les vagues glacées de cette mer de gens endeuillés et pitoyables, masse isocéphale de détresse et de douleur, ville agonisante, et lui en son centre gémissant : quelle merde ! et pourtant refusant de tout laisser tomber, de sombrer et de se faire piétiner dans la neige à moitié fondue, et ainsi rendant gloire malgré tout à la conscience, lui aussi à sa pauvre façon, lui Lucky Pierre, l'homme de la situation, le seul et unique Lucky Pierre.
Le vacarme de la circulation, retentissant, bruissant, s'infléchit en une espèce de rythme sans véritable tempo, ce n'est pas tant une pulsation que des modulations montantes et descendantes, tantôt atténuées, tantôt éclatantes et cuivrées. Sous terre, la rumeur des rames de métro, dans les rues le bruit saccadé des marteaux piqueurs, et de temps à autre dans le ciel le grondement des jets tonnant comme des pets célestes. Les poubelles renversées répandent bouteilles, journaux, papiers publicitaires, foetus morts, et vieilles chaussures. Les voitures, qui virevoltent avec grâce dans les rues verglacées, s'emboutissent cérémonieusement dans un bruit sinistre de cymbales, faisant voler têtes et cadavres au travers des pare-brise pulvérisés, et allant s'écraser en accordéon contre les bancs de neige. Au-dessus de la foule, un panneau d'affichage s'enquiert : LIZZIE, QU'EST-CE QUE MA QUEUE FOUT DANS TON CON ? Six avenues plus loin, en contrebas, une affiche sur l'auvent d'un cinéma réplique : ELLE M'ENFILE ! ELLE M'ENFILE ! ET ÇA M'AFFOLE ! De la fumée s'échappe d'un bâtiment détruit par les bombes, une foule attroupée se réchauffe auprès des ruines. Dans le lointain, des crépitements - un accident en ville. Quelque part.
Une petite vieille, appuyée sur une canne, marque un moment d'hésitation en arrivant au rebord du trottoir, elle jette un coup d'oeil vers le feu qui justement passe au rouge. Les verres de ses lunettes sont recouverts de givre, des glaçons pendent de son nez, sa main libre agrippée à un vieux châle effiloché tremble contre sa poitrine. Voulant traverser avant le changement de feu, l'homme se précipite mais il arrive trop tard, dérape pour s'arrêter, et en glissandos percute de plein fouet le postérieur de la vieille dame courbée qu'il envoie d'un coup sec du pénis culbuter sur la chaussée. On entend un petit cri semblable au glouglou rauque d'une dinde comme un camion d'ordures lui passe dessus. Elle a beau être vieille, il y a quand même des viscères, mais assez rapidement le flot des voitures l'a aplatie comme une crêpe, les boyaux se mélangent à la neige fondue et ses haillons épongent le reste.
- Dommage, marmonne quelqu'un.
- Chienne de vie.
- Que fait la voirie ? Nom de dieu, ils sont jamais là quand on a besoin d'eux.
Le feu passe au vert, la vieille dame piétinée par la foule disparaît. Puis tout est brouillé par des pieds qui se hâtent, martèlent, éclaboussent, passant dans le sang, la boue et la neige. Des milliers de pieds, qui vont dans toutes les directions. Splotch, crac, crac, tap. Des pieds qui écrasent des mégots, des capotes, des têtes de poisson, des papiers de chewing gum. Une montre à gousset. Des canettes de bière. Crac, crac, crac, un continuo plus âpre. Des jouets à ressorts et des boucles de ceintures. Un pignon de bicyclette. Des souches de billets. Tous ces pieds gelés qui traînent, splotch, splotch, qui chuchotent presque : C'est ça, Maggie, lève ton cul et splotch, crac, chatouille mes couilles ! Ah merde, quel froid ! %Putain, il fait vraiment trop froid%.
Écoute, arrête de penser qu'à ça ! Concentre-toi sur autre chose. Par exemple virgule la verdure. La tiédeur point d'exclamation. Voilà. Jouer une partie d'à-qui-je-t'attrape dans une prairie à la lisière d'un bois, ça te dirait ? Allez quoi ! essaie, c'est pas trop tard, une deux, hop, elle court se cacher derrière un arbre, et risquant un coup d'oeil, dévoile son cul. Il bondit par dessus les troncs couchés, faisant craquer branchages et feuilles mortes, traverse un ruisseau, éclabousse, grimpe sur des rochers couverts de mousse. Ça pue délicieusement. Ouais, c'est bon, on passe à la suite maintenant, c'est pas le moment de flancher deux points. Quelques cabrioles dans l'herbe molle. Un peu de musique…
(Fonçant vers lui à tombeau ouvert, un bus fouettant la neige et la recrachant en jets sales : TUUUUT !!)
Des cantilènes peut-être, jouées à la flûte de Pan, ça c'est bien, ça lui plairait à Cissy, all'antico, parfait. Le soleil couchant embrase son magnifique cul. Il le lèche, glisse sa langue dans son con. Miam. Elle lui donne un coup de pied et s'enfuit d'un bond. Face à face, ils se cherchent. Ah ! ha ! Elle décampe, il la prend en chasse, l'attrape, ils roulent par terre ensemble, les flûtes s'estompent, repos. Mmm. À présent le silence règne dans la prairie verte, ensoleillée, un calme délicieux et enivrant, les bruits de la rue s'évanouissent en un vent facétieux dans la forêt au loin. Oui, parfait. Il niche à nouveau le nez dans son con, et y furète rêveusement.
(Soudain rugissement du bus qui passe, faisant gicler la neige de toute part, noir de suie, les fenêtres graisseuses, les antibrouillards tout pâles. Les rues de la ville, les bâtiments, les gens, la circulation passent dans un coup de vent.)
Chhhut ! On y est presque ! À présent, une superbe anthologie de douze filles dans la prairie ensoleillée, c'est ça, douze filles, en équilibre sur la tête, dos contre dos, fesses contre fesses, et les jambes ouvertes comme les pétales d'une fleur. Il volette au-dessus, contemple la corolle aux multiples pistils, chacun muni d'un style et d'un stigmate, les aigrettes diaprées se balançant doucement dans la brise d'été, puis il plonge gaiement pour aller mordiller les carènes, sucer les étamines, aller et venir entre les cloisons. Dans le lointain on entend le son étouffé de trompettes…
TttuuuUUU%UUUUTTT!% D'un bond en arrière il rejoint le trottoir, mais trop tard, un bus arrive droit sur lui en rugissant et - %VLAN !% - lui flanque une grande claque sur la verge : il hurle de douleur, toupille sous l'impact, est propulsé en plein milieu de la foule comme elle traverse au feu, et renverse une douzaine de personnes. Il aperçoit le bus filant comme une flèche au loin, une affiche publicitaire à l'arrière : GUSSY, JE VOIS SON CON ! et dans la lunette arrière, qui le fixe, quelque chose comme l'oeil d'un cochon. La foule se presse et trébuche sur lui, profère des jurons et pleure :
- Alors Nelly, c'est comment ?
Clopin-clopant, il s'écarte du flot de la foule, dorlotant sa verge contusionnée, cherchant une raison de continuer, cherchant quelque chose pour l'envelopper. Il trouve un clochard endormi sous un journal dont il s'approprie la première page. Au-dessus de la photo du Maire assistant à l'exécution publique de trois jeunes enfants qui, pense-t-on, sont la progéniture de guérilleros urbains, un titre : UNE ÉNORME BOUCHE POILUE SUCE SA PINE POURPRE.
Holala, hé ho, écoute : fait chier. Arrête. Ouais.
Assis sur le trottoir, il renifle, pitoyablement recroquevillé sur son membre meurtri, cherchant à force de cajoleries à faire surgir des lobes de son cerveau gelé des rêveries bucoliques, sentant la neige qui lui remonte dans le cul, nulle tristesse n'égale la mienne : bouffée amère d'une aubade diatonique. Il a l'impression que quelque chose l'abandonne, qu'un ressort se relâche, comme une débâcle…
Non ! s'écrit-il pris d'une soudaine panique, et il se lève d'un bond. Oublie toutes ces conneries, efface tout, plus de message, remonte-toi les et remet les en place, une deux trois, hop, il repart en courant à présent, la queue ballottant frénétiquement, joue des coudes quand ça résiste, rebande le ressort, saute par dessus les morts, on y est presque maintenant, allez, le chauffage central, et tout le reste, on va y arriver - Oups ! Pardon, M'dame !
- Bonjour, L. P. !
- Bonjour, ma petite ! (ouf !) Après vous !
- Merci, M. Peters !
- Bonjour monsieur ! Merci monsieur !


Ah, bon dieu, vous qui passez votre chemin, tout cela ne compte-t-il pas pour vous ?