Pierre Bonnard
Autoportrait dans la glace du cabinet de toilette, 1939
Huile sur toile
73 x 51 cm
Acquis par dation. Ancienne collection Florence Gould, 1984
N░ d'inventaire : AM 1984-698


On connaεt une dizaine d'autoportraits de Bonnard en quatre-vingt ans, dont cinq durant les dix derniΦres annΘes de sa vie, mais l'Autoportrait dans la glace du cabinet de toilette de 1945 est certainement l'un des plus beaux et des plus touchants. Il est Θgalement le plus grand des derniers rΘalisΘs par l'artiste.

Pierre Bonnard, le peintre franτais le plus important α avoir poursuivi la tradition post-impressionniste au XXe siΦcle, suggΦre plus qu'il ne dΘcrit. C'est un peintre de sensations, d'Θmotions, d'allusions. Bonnard aura donc constamment interrogΘ le reflet de son regard, tant sur lui-mΩme que sur son environnement, Θrigeant le temps qui passe et la persistance du souvenir de la couleur des choses comme le fondement mΩme de sa peinture.

Ici, comme dans les autres autoportraits, aucune complaisance ne masque les effets du temps et de l'Γge. Son corps est dΘcharnΘ, son crΓne chauve, sa nuque fragile, ses yeux sans lunettes n'ont pas vraiment de regard et interdisent tout Θchange avec le spectateur.
Le cabinet de toilette, lieu du quotidien par excellence, est peuplΘ des objets intimes usuels sagement ordonnΘs sur la tablette, comme les signes d'une vie d'habitude.
L'homme apparaεt dans un miroir, distanciΘ par son reflet, telle une ombre chinoise emprisonnΘe dans un jour blΩme, les bras coupΘs, comme en signe de son impuissance.
L'artiste vieillissant renvoie dans cet autoportrait l'image d'un homme arrivΘ au bout de ses forces (il meurt en 1947), esseulΘ par les disparitions successives de ses proches, son ami Vuillard puis Marthe, son Θpouse et modΦle.

S.T.



accrochage "Made in France" musΘe Centre Georges Pompidou