Jean Fautrier
It's how you feel, 1958
Huile sur papier marouflΘ sur toile
97,5 x 146 cm
Achat du Centre Georges Pompidou, 1981
N░ d'inventaire : AM 1981-502


"Parce que chaque toile est faite de "ce qui est restΘ", il y a un monde de Fautrier, monde purement plastique o∙ le sujet ne compte pas, o∙ les moyens de suggestion sont aussi ΘloignΘs de ceux de la pensΘe que ceux de la musique. Ce n'est pas parce qu'il a un "matΘriel" que Fautrier a un monde, c'est parce qu'il a un oeil, une vision tragique", Θcrit AndrΘ Malraux dΦs 1933 dans La Nouvelle Revue Franτaise.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Fautrier apparaεt comme le chef de file d'un mouvement qui, contre une tradition de peinture α l'huile sereine et lumineuse, a voulu retrouver l'authenticitΘ du geste crΘateur par l'Θlaboration nouvelle du matΘriau.
Ce matΘriau nouveau (crΘpi de colle, papier et encaustique) qui, dans It's how you feel comme dans la cΘlΦbre sΘrie des Otages, Θgratigne le regard, cette matiΦre sourde et tourmentΘe, s'adresse α la sensibilitΘ. Elle ne s'enferme pas dans "l'irrΘalitΘ d'un informel absolu (qui) n'apporte rien", selon les mots de l'artiste.
Dans It's how you feel, la matiΦre rugueuse, comme agrippΘe α la toile, se mΩle α la plus tendre des couleurs, un rose chair, presque timide, o∙ s'exprime toute la dimension charnelle, quasi viscΘrale du ressentir.
Car "aucune forme d'art ne peut donner d'Θmotion s'il ne s'y mΩle une part de rΘel. Si infime qu'elle soit, si impalpable, cette allusion, cette parcelle irrΘductible est comme la clef de l'oeuvre. Elle la rend lisible, elle en Θclaire le sens, elle ouvre sa rΘalitΘ profonde, essentielle, α la sensibilitΘ qui est l'intelligence vΘritable...". [Jean Fautrier, "RΘponse α une enquΩte sur la rΘalitΘ" in XXe siΦcle, Paris, juin 1957]

S.T.



accrochage "Made in France" musΘe Centre Georges Pompidou