Constantin Brancusi
Le Coq, 1935
Bronze poli
105 x 11,5 x 28,5 cm
Achat 1947
N░ d'inventaire : AM 817 S


MultipliΘe par de nombreuses versions - bois, plΓtres blancs ou bronze lumineux - la forme du Coq dresse vers le ciel son profil angulaire traversΘ d'un zig-zag symbolique. De tous ces exemplaires uniques, seul ce bronze poli de 1935 (Geist, n░ 209) a ΘtΘ tirΘ exceptionnellement d'aprΦs un modΦle en plΓtre conservΘ α l'atelier. Dans une mΩme Θchelle, rappelant celle de la nature, l'oeuvre a ΘtΘ prΘcΘdΘe par deux Coqs en bois : l'un, Le Coq gaulois (1922, disparu), plus massif et maladroit, Θtait le seul α prΘsenter quatre arΩtes (au lieu de trois) en dents de scie ; l'autre, en noyer (1924, MOMA), a une queue allongΘe qui, tirant le corps en arriΦre de l'axe du bec, accentue l'inclinaison du dos.
Prenant appui sur un socle qui rΘpΦte les formes en zig-zag du cou, Le Coq en bronze du MNAM a la queue plus courte et s'ΘlΦve au-dessus d'un pied plus ΘlancΘ, ce qui dΘtermine dΘjα une plus grande verticale dans l'espace. L'impression de rectitude est augmentΘe par le passage en angle droit du pied α la queue, qui inscrit le Coq dans un triangle parfait. L'axe depuis la tΩte passe en avant des arΩtes, celles-ci reculant en escalier alors qu'elles deviennent plus importantes en volume. La matiΦre du bronze poli exalte encore la perfection des lignes diagonale/horizontale, l'arrondi des passages et le dessin acΘrΘ du profil.
DΦs 1923, Brancusi dΘveloppe parallΦlement un autre cycle de Coqs, cette fois monumentaux, modelΘs directement dans le plΓtre et plus ou moins travaillΘs. Le premier, qui est aussi le moins grand (Grand Coq I, 1924, MNAM), a sans doute ΘtΘ fait d'aprΦs une Θbauche en terre glaise (Le Coq Gaulois, 1923, dΘtruit) sans pied et tigΘe sur un socle cylindrique. Les suivants, modelΘs de faτon tout aussi rugueuse, sont de taille progressivement plus ΘlevΘe (Grand Coq II, 1930, et Grand Coq III, vers 1930, MNAM). Le plus grand et le dernier, Grand Coq IV (1949-1954, MNAM), remplace une version similaire (vers 1941, visible sur une photographie de l'artiste [...]) qui, retravaillΘe par l'intermΘdiaire d'un moule, donnera le tirage actuel (atelier) dont la surface est en partie rΘparΘe et lisse. Cette sΘrie se diffΘrencie de la premiΦre par son caractΦre vertical plus affirmΘ qui l'apparente α celui des Oiseaux : l'axe du bec, se dΘplaτant vers l'intΘrieur α travers le profil en saillie, a pour effet de rΘduire la pente du dos, de redresser le corps vers le ciel, tandis que l'abaissement de la queue vers le sol efface l'aspect angulaire du motif.

M. T.
Extrait de La Collection du MusΘe national d'art moderne, sous la direction d'AgnΦs de la Beaumelle et Nadine Pouillon, Paris, Editions du Centre Georges Pompidou, 1986.



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