Juan Gris
Violon et verre, 1913
Huile sur toile
46 x 73 cm
Donation de M. et Mme AndrΘ LefΦvre, 1952-1963
N░ d'inventaire : AM 3978 P


Gris semble plus α l'aise dans une autre nature morte (Cooper, n░ 47) exΘcutΘe Θgalement en 1913, mais vraisemblablement plus tard dans l'annΘe : elle doit, en effet, se situer pendant ou juste aprΦs le long et stimulant sΘjour (ao√t-novembre) de Gris α CΘret auprΦs de Picasso, si l'on en juge d'aprΦs la Nature morte α la guitare (Mexico, collection Gelman) dont elle s'approche par le sujet et le format et qui est datΘe de septembre 1913.
Dans un format rectangulaire allongΘ (qui reprend lui-mΩme la forme d'une table), Gris inscrit un double losange, sur lequel sont posΘs deux objets : le verre, dessinΘ en vue plongeante, et le violon, dΘchiquetΘ et accompagnΘ de la partition. Des aplats dΘcoupΘs Θvoquent, d'une part, le papier peint α rayures qui fait office de fond et, d'autre part, le bois, matiΦre commune du violon et de l'hypothΘtique table sur laquelle est disposΘe la nature morte. Des ΘlΘments formels relativement simples donc, mais leur agencement sophistiquΘ a pour rΘsultat la crΘation d'un espace dΘroutant, froid, d'un effet de "mathΘmatique picturale" pour reprendre l'expression de Gris. On retrouve l'association des bleus et des verts vus prΘcΘdemment, ici plus vifs et augmentΘs d'un violet acide qui apparaεtra comme la signature chromatique de Gris dans ces annΘes 1913-1915.
A noter encore la "rime" conceptuelle du verre vert, jeu sur la confusion phonΘtique d'un mot dΘsignant α la fois une matiΦre, un objet et une couleur ; sans doute non inventΘe par Gris, cette plaisanterie visuelle circule dans le milieu cubiste, chez Braque (en 1914), chez Laurens (en 1915).

I. M.-F.
Extrait de La Collection du MusΘe national d'art moderne, sous la direction d'AgnΦs de la Beaumelle et Nadine Pouillon, Paris, Editions du Centre Georges Pompidou, 1986.



collection d'art moderne musΘe Centre Georges Pompidou