Pierre Bonnard
L'Atelier au mimosa, 1939/1946
Huile sur toile
127,5 x 127,5 cm
Achat, 1978
N░ d'inventaire : AM 1978-732
Il s'agit de l'une des derniΦres grandes oeuvres lyriques de Bonnard (Dauberville, tome 3, p. 96 ; ancienne collection Charles Terrasse), commencΘe en des temps tragiques qui lui font penser que le monde devient fou, et retouchΘe par lui-mΩme en octobre 1946. PrΘcΘdΘe d'un dessin prΘparatoire - l'╔tude pour l'Atelier au mimosa donnΘe au MusΘe par Charles Terrasse -, elle fut exΘcutΘe sur une toile d'un format que Bonnard n'apprΘciait guΦre, le format carrΘ, qu'il cherchait presque toujours, lorsqu'il devait s'en contenter, α modifier par l'artifice de la composition, ainsi qu'il le dΘclara en 1937 lors de l'exΘcution de la Pastorale (ou Le Petit Pont), panneau destinΘ α dΘcorer le foyer du thΘΓtre du Palais de Chaillot : "On m'a donnΘ un carrΘ, j'ai rΘussi α le dΘmolir." (R. Cogniat, Bonnard, Paris, Flammarion, 1968, p. 48). Ce tableau reprΘsente le mimosa et les hauteurs de Cannes que l'artiste voyait de son atelier du Cannet o∙ il s'Θtait retirΘ en 1938. La vue plongeante, la lΘgΦre dΘcentralisation de la composition, l'utilisation des diagonales croisΘes de la balustrade et de la fenΩtre soulignent le vide de l'espace intΘrieur et crΘent un effet de vertige, que Bonnard corrige par la prΘsence du visage de Marthe, par celle aussi, lyrique, de la nature et de ses couleurs. Le premier plan est un contraste de jaune et de rouge, la vision du mimosa se transforme en une plage abstraite de jaune vif, tandis que l'arriΦre-plan des maisons et des collines, traitΘ en couleurs froides, se prΘcise. Le rΘel semble plus facile α saisir lorsqu'il est mis α distance, mais Bonnard nous transmet son Θmerveillement devant la nature proche et se laisse emporter par ses Θmotions.
S. B.
Extrait de La Collection du MusΘe national d'art moderne, sous la direction d'AgnΦs de la Beaumelle et Nadine Pouillon, Paris, Editions du Centre Georges Pompidou, 1986.
collection d'art moderne