L'Oeil Cacodylate, 1921
Francis Picabia
Huile sur toile, avec collage de photographies, cartes postales et papiers dΘcoupΘs
148,6 x 117,4 cm
Achat de l'╔tat et attr. 1967
salle 22 : Duchamp, Man Ray
N░ d'inventaire : AM 4408 P
Atteint α cette Θpoque d'un zona oculaire, Picabia rΘalise L'Oeil cacodylate (du grec kak⌠dΦs : mauvais, odmΦ : odeur et ulΦ : matiΦre), refusΘ au Salon des IndΘpendants de 1921 et exposΘ au futur "Boeuf sur le toit" (o∙ il resta).
Picabia rΘalise le dΘfi de faire lα oeuvre "originale", sans pour autant y avoir beaucoup portΘ la main. Au titre encadrΘ de ce "tableau" rΘpond la signature accompagnΘe d'une photographie de l'artiste. Sur l'Θcru de la toile se juxtaposent autour d'un gros oeil, signatures, aphorismes et calembours, apposΘs un soir de rΘveillon : pratique spontanΘe, commune, davantage tract que manifeste. Faisant fi du mΘtier et du go√t, elle est la forme monumentale, jamais rΘalisΘe alors, de la nΘgation. Alors que jusqu'ici, regarder laissait la surface intacte, il s'inaugure lα une pratique tenant de la fredaine, dont on ne peut oublier que l'Θtymologie veut dire "scΘlΘrat". Autre pratique "scΘlΘrate", Chapeau de paille ? tient dΘlibΘrΘment du bricolage et laisse α chacun le soin d'interprΘter le "M... pour celui qui le regarde", Θcrit d'une main malhabile en diagonale de la toile. En contrepoint, une ficelle (l'art est plein de "ficelles") nonchalante relie une invitation α un rΘveillon cacodylate α la carte de visite de l'auteur, dΘcoupΘe en forme de coeur. Le titre serait-il le gage de la "prestidigitation" ? Toujours est-il que l'insolence ricoche ici sur ceux qui interdirent que l'oeuvre fut exposΘe.
B. B.
Extrait de La Collection du MusΘe national d'art moderne, sous la direction d'AgnΦs de la Beaumelle et Nadine Pouillon, Editions du Centre Georges Pompidou, Paris, 1986.
collection d'art moderne