collection d'art moderne



Double portrait au verre de vin, 1917-1918

Marc Chagall
Huile sur toile

235 x 137 cm
Don de l'artiste, 1949

salle 25 : Chagall, Soutine
N░ d'inventaire : AM 2774 P

L'union avec Bella, qu'il Θpouse en 1915, devient en cette annΘe 1917, en tous points euphorique pour Chagall, un thΦme d'inspiration particuliΦrement riche, o∙ sa poΘtique personnelle, α la fois sensuelle et mystique, trouve peut-Ωtre son expression la plus immΘdiatement lyrique.
A c⌠tΘ de la sΘrie intimiste, quasi sΘraphique, des Amoureux en gris (MNAM, don Ida Chagall, 1984) et des Amoureux en vert o∙ le couple hermaphrodite se referme sur lui-mΩme, formant l'image sublimΘe, Θternelle, de deux effigies au profil de mΘdaille - thΘmatique religieuse qui trouve peut-Ωtre son aboutissement monumental dans l'image de madone de Bella au col blanc, Θgalement de 1917 -, la sΘrie Θclatante des grandes peintures qui entourent le Double Portrait au verre de vin : Au-dessus de la ville (Moscou, galerie Tretiakov), et La Promenade (Leningrad, MusΘe d'╔tat russe), apparaεt, au contraire, comme la reprΘsentation toute dionysiaque du pouvoir terrestre et surnaturel de l'amour, un hymne triomphal α la vie : le couple des mariΘs, blanc, rouge, vert, Θclatant comme une banderole, vole au-dessus d'une Vitebsk sombre et endormie, allume d'un mouvement tournoyant le ciel qui s'embrase, dΘfie avec humour les lois de la pesanteur et du temps. Et l'ivresse toute sensuelle qui anime ces vΘritables acrobates de cirque (annonτant par leurs arabesques les premiΦres Θtudes pour le ThΘΓtre Kamerny de 1918-1919) semble α peine dissipΘe par la prΘsence cΘleste de l'ange d'Annonciation qui les bΘnit et qui, si l'on examine l'esquisse prΘparatoire (datΘe α tort 1922, cf. catalogue MNAM 1984, n░ 45), est une adjonction finale.
L'existence de cette esquisse, comme celle de deux Θtudes de portraits naturalistes de Bella et du peintre (Meyer, n░ 277 et 278), dit bien l'attention portΘe par Chagall α l'Θlaboration plastique et thΘmatique de cette toile importante, qui devait garder par la suite α ses yeux toute sa valeur emblΘmatique : restΘe jusqu'en 1947 (trois ans aprΦs la mort de Bella) sa propriΘtΘ personnelle - accrochΘe sur les murs α c⌠tΘ de Bella au col blanc -, elle fut envoyΘe α deux reprises en 1924 et 1926 au Salon des Tuileries, puis en 1937 α l'Exposition des Maεtres de l'art indΘpendant du Petit Palais, enfin, en 1941 α la Pierre Matisse Gallery de New York, avant de rejoindre la collection du MusΘe en 1947.

A. L. B.
Extrait de La Collection du MusΘe national d'art moderne, sous la direction d'AgnΦs de la Beaumelle et Nadine Pouillon, Paris, Editions du Centre Georges Pompidou, 1986.



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