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Nouvelle pollution chimique au sud de l'Espagne

6 January, 1999
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Comme celui qui a affecté Coto Doñana, l'accident de Huelva était prévisible Photo: WWF-Canon
Comme celui qui a affecté Coto Doñana, l'accident de Huelva était prévisible Photo: WWF-Canon

Bruxelles, Belgique – Selon le WWF, les dizaines de milliers de mètres cubes d'acides toxiques et le cocktail de métaux lourds qui se sont déversés dans le Rio Tinto puis dans la mer près de Huelva, au sud de l'Espagne, sont une nouvelle démonstration de la faillite des contrôles au niveau local et de la législation au sein de l'Union européenne (UE), en matière de substances chimiques. C'est la rupture de la digue d'un bassin de rétention, dans la nuit du 31 décembre 1998 au 1er janvier 1999 qui est à l'origine de l'accident.

Petit fleuve qui coule à quelque 50 kilomètres à l'ouest de la fameuse zone humide de Coto Doñana, le Rio Tinto traverse à la fois d'importantes réserves naturelles et un vaste secteur industriel avant de se jeter dans l'océan Atlantique. C'est là que se sont installées Fertiberia et Foret, deux firmes espagnoles qui produisent des fertilisants synthétiques mais aussi 10 000 mètres cubes d'effluents acides chaque jour, parmi lesquels de l'acide sulfurique, de la fluorine, du fer, du cadmium et de l'arsenic. Ces rejets sont stockés dans un bassin de 70 hectares de superficie et d'un million de mètres cubes de capacité. Très proche de la mer, sa digue a été érodée par des vagues de 4 mètres de haut provoquées par une tempête. La production des deux entreprises a été stoppée et les réparations sont en cours. Fertiberia a déclaré n'avoir pas négligé la maintenance du bassin "conçu aux Etats-Unis".

"Cet accident est similaire à celui qui a gravement affecté Coto Doñana en avril dernier, dans le sens où il était prévisible et pouvait être évité", estime Jane Madgwick, coordinatrice européenne du WWF pour les écosystèmes d'eau douce. "La législation de l'UE et la réglementation concernant ces bassins de rétention sont d'une insigne faiblesse, et de tels réservoirs sont continuellement implantés dans des régions écologiquement sensibles. Il est probable que celui de Huelva, tout comme cela avait été le cas à Aznacollar, n'a pas été adéquatement construit, entretenu et surveillé."

En fait, le gouvernement andalou a encouragé le développement de ces imposantes infrastructures précisément pour remédier aux problèmes récurrents d'écoulements de produits toxiques dans les cours d'eau. Mais un groupe écologiste local, "Ecologistas en Acción" (EA), avait déjà fait plusieurs fois état des risques liés à ce type de bassins, notamment à Huelva. EA affirme d'ailleurs que ce sont 500 000 mètres cubes d'acides toxiques, et non 50 000 mètres cubes comme l'avancent les autorités, qui ont fini dans l'océan.

Bien qu'il n'existe aucune évaluation officielle des dégâts environnementaux, il est vraisemblable que les eaux acides auront des conséquences graves et immédiates sur le poisson ; les effets des métaux lourds qui s'accumulent par le biais de la chaîne alimentaire tant dans la faune marine que dans les organismes humains se feront sentir à plus long terme.

Enfin, il faut savoir que l'Espagne est signataire de la Convention pour la protection de l'environnement marin de l'Atlantique du nord-est, dont l'un des buts est justement de mettre un terme à la pollution chimique dans l'Atlantique.

Pour tout renseignement complémentaire, contacter: Guido Schmidt, tél.: +34 308 23 09 ou +34 689 050 781 Jane Madgwick, tél.: +45 35 36 79 40 ou +45 21 60 80 98