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 What Needs to be Done

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Les activités humaines constituent la plus grave menace pour la survie des grands singes. Dans certaines régions, la possibilité de sauvegarder les dernières populations de nos plus proches parents est bien réelle, dans d'autres, il faudra se résigner à les voir disparaître. Malgré cette dure réalité, il convient de préciser que la plupart des défis environnementaux qui se présentent peuvent être relevés. Cependant, il s'agit aussi d'admettre que les guerres, les famines, l'instabilité politique prolongée, la croissance démographique et l'empiètement sur les habitats forestiers des grands singes condamnent nombre de ces derniers à l'extinction. Il est dès lors impératif de réagir vite et fort, maintenant et aussi longtemps que nécessaire.

Parmi les grands singes, l'espèce la plus menacée reste le gorille de montagne, dont l'habitat se situe dans une région - la chaîne volcanique des Virungas, à la jonction de la RDC, du Rwanda et de l'Ouganda - en proie depuis 1991 à des troubles politiques graves et à la souffrance humaine qui va de pair. Selon la plus récente classification de l'UICN (Liste Rouge des Animaux Menacés, 1996), le bonobo, le chimpanzé et le gorille des plaines sont aussi en danger. Quant à l'orang-outan, il est considéré comme vulnérable - mais certaines de ses populations sont au bord de l'extinction. Que ce soit en Asie ou en Afrique, les grands singes doivent faire face à des menaces similaires: destruction de l'habitat, chasse, maladies, empiétement humain, tourisme incontrôlé, expansion agricole, commerce illégal.

Durant la dernière décennie, tant l'aspect de la conservation que le rôle des environnementalistes ont singulièrement évolué. En décembre1985, Dian Fossey, l'une des plus grandes spécialistes des gorilles de montagne, parmi lesquels elle avait vécu durant 13 ans, était assassinée à son camp de recherche au Rwanda. Sa mort préfigurait les difficultés que ses successeurs allaient endurer. En décembre 1996, Annette Lanjouw, coordinatrice régionale du Programme international de protection du gorille (PIPG), qui oeuvre au Rwanda, en RDC et en Ouganda, n'a pas pu pénétrer dans le Parc national des Virungas (RDC), à cause de la situation explosive du moment. Ses collègues et elle, qui travaillent étroitement avec les réfugiés et les organisations humanitaires, ne peuvent qu'espérer que la souffrance humaine diminuera et que les gorilles sortiront indemnes du chaos.

Nombre d'environnementalistes, comme Annette Lanjouw et ses collègues du PIPG, se retrouvent en première ligne dans leur mission. Ils font aussi la une des journaux et passent à la télévision aux quatre coins du globe. Mais il n'en a pas toujours été ainsi. Bien des distinctions écologiques ont été remises à titre posthume à tel garde ou tel directeur de parc mort pour avoir assuré sa mission. Et, au cours des quelque 20dernières années, la situation a empiré. Les environnementalistes doivent jouer tour à tour les diplomates ou les "chiens de garde", agissant secrètement avec les organismes chargés de l'application des lois pour intercepter des animaux ou des plantes introduits illégalement depuis des pays censés être juridiquement armés contre le commerce d'espèces menacées. Parfois, c'est au péril de leur vie, et parfois c'est même au prix de celle-ci. Mais les résultats sont souvent à la hauteur des efforts, avec des saisies spectaculaires, l'arrestation et l'inculpation des fraudeurs, comme le tristement célèbre trafiquant Matthew Block, qui essaya de faire passer en fraude six bébés orangs-outans d'Indonésie vers Moscou. Arrêté, il fut finalement emprisonné.

Les événements semblent se liguer contre la survie des grands singes. Mais il y a aussi des bonnes nouvelles et le cas du gorille de montagne montre à quel point le travail d'équipe et les efforts internationaux peuvent permettre de maîtriser les pires situations. Une vigilance constante reste de mise. Il suffit qu'un problème soit sur le point d'être résolu pour qu'un autre surgisse. Car ce que nous connaissons sur le boom du commerce de la viande de brousse et le pillage des forêts africaines par des compagnies européennes et asiatiques ne sont que la partie visible de l'iceberg.

Toute une série d'actions générales qui peuvent contribuer à préserver de l'extinction certains des grands singes sont listées ci-après. Des recommandations plus spécifiques sont parues dans African Primates, Status Survey and Conservation Action Plan, une compilation de John F Oates, publiée par le Groupe des spécialistes de primates (UICN/SSC) en 1996. D'autres peuvent être trouvées dans The Neglected Ape (Le grand singe négligé, en l'occurrence il s'agit de l'orang-outan), édité par Ronald D Nadler, Birute F M Galdikas, Lori K Sheeran et Norm Rosen, et dans Action Plan for Pan Paniscus, publié en 1995 par la Société zoologique du comté de Milwaukee (Wisconsin, Etats-Unis) et produit par un consortium de groupes environnementalistes - dont le Groupe des spécialistes de primates. Egalement utile: The Orang-Utan Survival Programme, réalisé conjointement par le Ministère indonésien des forêts et Herman D Rijksen. Ces documents sont particulièrement intéressants pour quiconque recherche des actions et des stratégies spécifiques aux pays ou aux sites de conservation. Afin de rester bref et de toucher le public le plus large possible, le WWF émet les recommandations suivantes pour éviter que les grands singes ne disparaissent de la planète: