Buenos Aires, Argentine – Selon une étude (1) publiée aujourd'hui par le WWF – Fonds mondial pour la nature, la réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO2) dans les pays industrialisés pourrait profiter aussi bien à la santé économique de ces derniers qu'au climat de la planète.
Le WWF appelle les ministres qui se rendent à Buenos Aires pour la deuxième semaine de la Conférence sur le changment climatique à ne recourir que parcimonieusement au “commerce des émissions polluantes“ dans le but d'atteindre leurs objectifs nationaux de réduction des émissions de CO2. L'année passée, à Kyoto, les pays industrialisés s'étaient entendus pour réduire celles-ci de 5%. Les quelque 180 nations présentes à Buenos Aires débattent actuellement de la manière d'y parvenir.
Durant la première semaine de la conférence, les officiels des principales nations industrialisées ont soigneusement esquivé la question des limites à mettre au commerce des émissions polluantes. Il s'agissait pour eux de masquer les désaccords existant entre les nations européennes – pour lesquelles ce procédé ne doit être qu'une disposition annexe aux mesures prises sur le plan domestique – et un groupe emmené par les Etats-Unis. Soutenus par l'Australie, le Canada, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la Russie, les délégués américains prônent la liberté totale dans l'achat de quotas de pollution, même si cela doit miner les résultats obtenus à Kyoto.
“Un plafonnement du commerce des émissions polluantes est essentiel pour la mise en place, dans les pays industrialisés, de nouvelles technologies qui contribuent à la lutte contre le réchauffement climatique. Sans cela, le Protocole de Kyoto pourrait retomber comme un soufflé“, estime Nick Mabey, responsable de la politique économique au WWF – Royaume Uni et auteur de l'étude. “On peut d'ailleurs se demander si ce n'est pas l'idée cachée des partisans des quotas de pollution illimités“, ajoute-t-il.
Selon le WWF, la restriction du commerce des émissions polluantes est le seul moyen d'empêcher les Etats occidentaux d'acheter des quotas exagérés de pollution à la Russie et à l'Ukraine. En acquérant ces émissions fictives de CO2, ils pourraient alors se targuer d'avoir atteint les objectifs décidés à Kyoto, quand bien même leurs propres émissions continueraient à croître. Le climat mondial serait le grand perdant d'un tel marché.
Le WWF n'est pourtant pas diamétralement opposé à cette façon de faire, mais il exige que les pays industrialisés réalisent au moins 70% des buts fixés au Japon par le biais de mesures domestiques; et relève qu'ils auraient économiquement tout à gagner à exploiter les options disponibles pour améliorer les rendements énergétiques. Cela créerait la base technologique et financière nécessaire pour satisfaire aux réductions de CO2 encore plus importantes qui s'imposeront au 21ème siècle.
“A Buenos Aires, les ministres doivent avoir la volonté de limiter le commerce des émissions polluantes“, poursuit Nick Mabey. “Ils ne doivent pas se laisser abuser par une solution qui apparaît séduisante sur le papier mais ne protège en réalité personne contre le réchauffement climatique. C'est une simple question de bon sens politique, qui consiste à faire des choix judicieux pour notre avenir à tous“, conclut-il.
Note:
(1) “Costs and Benefits of Trading Caps“, Nick Mabey. WWF International. Novembre 1998.