La consommation et le commerce international
Aujourd'hui, les schémas de la consommation mondiale se
caractérisent par un écart démesuré
entre le Nord et le Sud. Les habitants des Etats-Unis et du Canada,
qui ne représentent que 5 pour cent de la population mondiale,
consomment 27 pour cent de l'énergie commerciale de la
planète. Leurs pratiques de consommation sont l'exemple
même de la culture du «tout à jeter» que
nous venons de décrire. Le Nord crée des faux besoins
et les gens les plus aisés du Sud adoptent ce style de
vie par émulation, en créant les mêmes besoins
chez eux. La responsabilité de ces faux besoins, suscités
parmi les consommateurs du monde entier, revient en partie au
puissant secteur de la publicité et des relations publiques.
Les inégalités de cette situation sont créées
et exacerbées par les pratiques du commerce mondial, qui
exige le transfert vers le Nord de matières premières
obtenues à bas prix à partir des ressources naturelles
du Sud. Le niveau élevé de la demande conduit souvent
à l'épuisement accéléré des
ressources naturelles du pays d'origine et celui-ci ne dispose
pas des moyens suffisants pour les renouveler, parce que les prix
d'achat de ses exportations sont trop faibles.
Ironiquement, les pays du Sud se trouvent ensuite dans une situation
où ils achètent au Nord, à des prix élevés,
des produits manufacturés à partir de ressources
qu'ils ont eux-mêmes exportées vers le Nord à
des prix beaucoup plus faibles. Ces produits sont souvent superflus
ou conçus pour avoir une durée de vie limitée,
de sorte que les pièces de rechange doivent ensuite être
achetées elles aussi aux pays du Nord, toujours à
des prix forts. Les pays du Nord imposent des tarifs douaniers
élevés sur les produits transformés du Sud
et mettent ainsi un frein à la diversification vers des
secteurs manufacturiers, qui permettrait justement de réduire
la pression sur les ressources naturelles.
Les pays du Sud sont ainsi pris dans un cercle vicieux d'endettement,
auquel s'ajoute une dégradation de l'environnement qu'ils
n'ont pas les moyens d'empêcher.
La pauvreté constitue elle-même une menace pour l'environnement.
Confrontés à la misère et à la faim,
les gens détruisent souvent leur environnement immédiat
pour survivre. Ils abattent leurs forêts, leurs troupeaux
épuisent les pâturages, les terres marginales sont
surexploitées et, en fin de compte, ils affluent en nombre
toujours croissant vers les villes déjà surpeuplées.
Les effets cumulés de ces changements ont fait de la pauvreté
un fléau mondial.
C'est pour cette raison qu'il n'est ni juste ni réaliste
de vouloir que les pays en développement mettent un frein
à leur croissance économique pour compenser les
excès des pays développés. Il faut arriver
à équilibrer les exigences du développement
et de l'environnement, mais cet équilibre ne sera pas facile
à trouver. Il existe aujourd'hui dans le Nord une volonté
de limiter l'exploitation des ressources naturelles de la terre,
mais les activités économiques et les projets de
développement dans le monde ont tendance à négliger
les aspects environnementaux. Les gouvernements oublient trop
souvent que le développement et la richesse du Nord ne
leur apporte pas toujours un exemple à suivre, mais plutôt
des leçons sur ce qu'il ne faut pas faire.
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