GLAND, Suisse – Le WWF exhorte le Japon à reconsidérer ses opérations de chasse «scientifique» à la baleine, au moment même où la flotte baleinière nippone s'apprête à gagner l'Océan Antarctique, pour la douzième année consécutive depuis l'entrée en vigueur du moratoire international. Les Japonais continuent à se moquer de l'opinion publique mondiale qui stigmatise leurs activités destructrices à l'intérieur même du Sanctuaire baleinier de l'Antarctique. Cette année, ils ont même remplacé les trois navires chargés de harponner les baleines et qui accompagnent le bateau usine par un super baleinier flambant neuf et valant plusieurs millions de dollars.
Pour Cassandra Philips, coordinatrice du WWF pour les questions relatives aux baleines et à l'Antarctique, il ne fait aucun doute que «l'acquisition de ce nouveau vaisseau témoigne de la volonté des Japonais de renforcer leur chasse «scientifique». Selon elle, «le Japon continue à défier la majorité des membres de la Commission baleinière internationale (CBI)». Et d'ajouter : «Depuis des années, la CBI appelle le Japon à cesser ses opérations dans le Sanctuaire baleinier de l'Antarctique, arguant que la recherche scientifique impliquant la mort d'autant de baleines n'est pas nécessaire.»
En avril dernier, la flotte baleinière japonaise (trois navires harpons, un bateau usine et un autre d'observation) est rentrée de l'océan Antarctique avec 438 petits rorquals à son bord. Au total, ce sont 3767 de ces baleines que les Japonais ont tuées au nom de la science dans cette partie du globe. De plus, la flotte nippone a chassé 398 petits rorquals dans le Pacifique nord au cours des cinq derniers étés, également pour des raisons soi-disant scientifiques. En fait, la viande de tous les cétacés tués se vend au prix fort sur les marchés de l'archipel. Elle figure aussi au menu de midi dans les écoles, histoire d'habituer les enfants à son goût.
L'Océan Atlantique, dans son intégralité, a été déclaré Sanctuaire baleinier par la CBI en 1994. Mais cette dernière est impuissante devant les agissements du Japon, qui exploite au maximum une clause de la cinquantenaire Convention baleinière, destinée à l'origine à autoriser la recherche scientifique à petite échelle.
«Le Japon fait en outre pression pour affaiblir l'autorité de la Commission baleinière internationale. Cela ressort clairement des discussions qu'il a menées avec plusieurs pays voisins dans le but de créer une organisation régionale capable de rivaliser avec la CBI, ainsi que de l'invitation faite au Maroc de rejoindre les partisans du Japon au sein même de la CBI», conclut Cassandra Philips.
Une deuxième réunion des délégués japonais, chinois, sud-coréens et russes à la CBI vient d'avoir lieu à Akasaka (Japon) dans le cadre de l'Overseas Fisheries Cooperation Fund. L'ordre du jour portait sur l'intensification de la coopération entre les quatre nations dans le domaine de la recherche sur les cétacés et de la gestion de leurs populations, coopération dont l'idée avait été apporuvée lors d'une première réunion en février dernier. La troisième est d'ores et déjà programmée.
Enfin, il y a un mois, le ministre marocain de la pêche s'est rendu dans l'archipel nippon, également sur invitation de l'Overseas Fisheries Cooperation Fund. A côté de négociations portant sur le paiement par le Japon d'un droit de pêche au thon à l'intérieur de la zone économique de 200 miles du Maroc, ce dernier a été encouragé a rejoindre pleinement la CBI et «à adopter une position favorable à l'utilisation durable de la faune marine.»
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