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 Threats to Great Apes


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Destruction de l'habitat

La plus grave menace pour la survie des grands singes, en Afrique comme en Asie, reste la destruction des forêts tropicales. Exploitation abusive, construction de routes forestières, expansion agricole, exploration minière et invasion humaine sont autant de causes de la disparition de l'habitat des grands singes à une vitesse sans précédent.


Certains des singes anthropoïdes - particulièrement les chimpanzés, les bonobos et les gorilles - peuvent subsister dans les régions où l'exploitation du bois est sélective. Il investissent alors les petites clairières et les forêts secondaires. Néanmoins, la plupart des singes dont l'habitat a été altéré par l'industrie forestière sont également devenus la cible des braconniers. Les activités minières représentent un danger supplémentaire pour les orangs-outans, illustré par la situation au centre de Kalimantan où ces singes sont de plus en plus chassés, selon les informations de la section asiatique du Groupe des spécialistes des primates.

Afrique

En Afrique, la démographie galopante et la pression de populations humaines constamment en quête de nouvelles terres arables étaient habituellement considérées comme les causes majeures de la destruction des forêts tropicales. Ainsi, les pays confrontés aux plus hautes densités de population sont aussi ceux qui ont connu le plus haut taux de déforestation. Mais ce tableau est en train de changer avec la véritable invasion du continent africain par les compagnies forestières, au point que ce dernier est devenu le troisième plus gros exportateur mondial de bois. Jusqu'à récemment, près de 90% de cette matière première prenait la direction des marchés européens. Désormais, de plus en plus de firmes asiatiques rejoignent leurs homologues françaises, allemandes, hollandaises, suisses, italiennes et nord-américaines au fin fond des forêts africaines.

En dehors des aires protégées, les forêts sont exploitées à un rythme alarmant. Depuis les années70, l'Afrique équatoriale subit une déforestation inégalée. Par exemple, en 1980, les neuf pays qui abritent des gorilles ont exporté quatre fois plus de bois que dix ans plus tôt. Quand la France dévalua unilatéralement le franc CFA (la monnaie en vigueur dans les pays de l'Afrique francophone) au début des années90, l'exploitation forestière connut un nouvel essor au Cameroun et au Gabon.

Les environnementalistes prédisent que l'immense couvert forestier du Gabon et du Congo aura disparu - à l'exception des zones de conservation - d'ici 125 à 155ans si la déforestation se poursuit au rythme actuel. En RDC, en Guinée équatoriale et au Cameroun, les forêts risquent d'être rasées plus vite encore - entre 50 et 70ans. Au Cameroun - mais aussi dans d'autres pays - elles tombent sous les tronçonneuses même lorsqu'elles sont "protégées". En Guinée équatoriale, la chasse est pratiquée à grande échelle et les exportations de bois ont quintuplé au cours de la dernière décennie.

Dans des pays comme le Nigéria, l'Ouganda et le Rwanda, où la pression démographique est élevée et où le couvert forestier a été réduit à sa plus simple expression, les gorilles se font rares et seules les aires protégées leur offrent des habitats adéquats. Au Nigéria, celle qui héberge des gorilles des plaines occidentales n'est même plus sûre.

En Afrique de l'ouest, où vit la plus menacée des sous-espèces de chimpanzé, la forêt ne subsiste que sous une forme très morcelée, ce qui fragmente et isole les déjà fragiles populations de chimpanzés et d'autres primates. En Sierra Leone par exemple, il ne reste que 4% du couvert forestier originel, concentré en grande partie dans les Réserves forestières de Gola (748km2). La protection de cette forêt s'avère très difficile dans un contexte de forte croissance démographique et de troubles intérieurs (en Sierra Leone et au Libéria). En Côte d'Ivoire, la protection de l'importante population de chimpanzés du Parc national Taï est problématique elle aussi, du fait de l'invasion de la zone tampon du parc par les réfugiés qui fuient les combats au Libéria voisin.

Asie

A l'heure actuelle, 2% seulement de l'habitat originel présumé de l'orang-outan est protégé. Dans toute l'aire de distribution du grand singe asiatique, de larges surfaces de forêts ont été dégradées par l'exploitation du bois, l'expansion des plantations et le développement de l'agriculture. Après le Brésil, l'Indonésie est le pays qui remplace le plus ses forêts par d'autres types d'utilisation du sol. Et Sumatra est l'île de l'archipel où le taux de déforestation est le plus haut. Les forêts de Kalimantan, qui demeurent les plus étendues de la région, subissent les assauts des bûcherons et les routes tracées par ces derniers permettent aux agriculteurs itinérants et aux chasseurs d'atteindre les régions les plus reculées. Dans la partie malaisienne de Bornéo, la situation n'est pas meilleure: la forêt tropicale couvrait 86% de l'Etat de Sabah en 1953, 41% en 1990... Globalement, l'habitat de l'orang-outan a rétréci de 80% au cours des 20dernières années.

Les orangs-outans tirent leur nourriture d'une vaste gamme de plantes, avec une prédilection pour les fruits, notamment ceux du figuier étrangleur, très courant dans les forêts de diptérocarpes, une famille d'arbres hautement prisés par l'industrie du bois. L'exploitation de ces forêts fait donc perdre au grand singe asiatique un élément vital de son alimentation.