Le dilemme du chasseur iban
Dans la forêt de Sarawak en Malaisie, un chasseur Iban suit
les traces d'un sanglier barbu. Guidé par les jappements
de ses chiens, il surgit brusquement à l'endroit où
ils ont acculé leur proie. Il lève son fusil à
l'épaule et c'est alors qu'il s'aperçoit que le
sanglier est une femelle qui attend des petits.
Il baisse son arme. Il réfléchit. S'il abat le sanglier,
il ramènera de la viande fraîche à sa famille
et aux autres membres de son village, pour le prix d'une matinée
d'efforts et d'une cartouche. Mais il sait aussi qu'en tuant le sanglier, il tuera aussi les
petits et qu'il y aura encore moins
de sangliers à partager entre les siens.
Depuis une dizaine d'années, les sangliers se font de plus
en plus rares dans cette région de Batang Ai. Il n'y a
pourtant pas de famine. Les villageois élèvent des
cochons et des poulets de brousse, pas biens gras mais savoureux;
on peut aussi acheter de la viande en ville, même si elle
est chère et moins bonne à manger. Le chasseur n'a
pas besoin de tuer le sanglier. Mais s'il ne le tue pas, quelqu'un
d'autre risque de le faire à sa place, et le chasseur sera
deux fois perdant. Que faire ?
L'histoire du chasseur Iban fait ressortir deux questions importantes.
Premièrement, c'est à lui de choisir s'il va agir
ou non dans le sens d'un avenir durable. Il peut vivre pour au-jourd'hui
ou il peut vivre - et laisser vivre - pour demain. Deuxièmement,
ses intérêts sont liés aux actions des autres
et ils en dépendent. Si aucun chasseur ne tue le sanglier
et ses petits à naître, leur nombre augmentera pour
le profit de tous.
Le WWF croit qu'à l'instar du chasseur Iban, nous avons
tous ce choix. Nous avons le choix de dépenser le capital
naturel ou de vivre de ses intérêts.
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