![]() "Les océans sont les derniers grands espaces sauvages de la planète: lultime frontière de lhomme et peut-être aussi la dernière chance quil nous reste de prouver que nous sommes des êtres de raison." |
John L Culliney |
Cette fois, cest la surpêche qui est la cause de ces bouleversements. Chaque nouvelle "guerre du poisson" dont nous informent les actualités télévisées met en évidence la nécessité de remettre en question une activité qui incarne pourtant depuis la nuit des temps le courage et la prouesse de lhomme, la vitalité de ses activités pacifiques. Cest au cours de notre siècle que léquilibre entre la nature et les entreprises de lhomme sest rompu, sous leffet des progrès technologiques, de la croissance démographique et de lappât du gain. La première personne qui a évoqué pour moi toute lampleur de ces bouleversements nétait pas un écologiste, mais le propriétaire dune usine de transformation du poisson dans le port écossais de Peterhead, qui a toujours vécu du produit de la pêche. Il ma dit ceci : "Dites aux gens qui essayent de sauver les baleines et les éléphants que cest pareil pour les poissons". Il sappelait Len Stainton et il se souvenait encore des thons rouges de plus de 350 kilos pris dans la mer du Nord dans les années 30 et 40, des flétans géants que lon trouvait encore il y a trente ans au large de la côte ouest écossaise. Len avait transféré son usine à Peterhead quand la pêche au hareng sétait effondrée au milieu des années 70. Aujourdhui, cest avec colère quil voit la morue et léglefin péricliter à leur tour. "Autrefois, on pêchait des poissons plus gros quun homme," disait-il. "Aujourdhui, on a de la chance quand on en trouve des plus gros que la main". Je lavais rencontré en 1991, avant la fermeture par les Canadiens des bancs de Terre-Neuve, autrefois le lieu de pêche à la morue le plus riche du monde. (Selon John Cabot, qui découvrit la Terre-Neuve en 1497, les morues y étaient tellement abondantes que les pêcheurs les prenaient non seulement dans leurs filets, mais dans de simples paniers passés par-dessus bord.) Cétait avant que la FAO1 nannonce que les prises mondiales annuelles, qui avaient augmenté sans cesse depuis la deuxième guerre mondiale, avaient plafonné en 1989. Selon la FAO, la plupart des grands lieux de pêche du monde étaient désormais exploités à pleine capacité, ou même sur le déclin. |