Durant la dernière décennie, tant l'aspect de la
conservation que le rôle des environnementalistes ont singulièrement
évolué. En décembre1985, Dian Fossey, l'une
des plus grandes spécialistes des gorilles de montagne,
parmi lesquels elle avait vécu durant 13 ans, était
assassinée à son camp de recherche au Rwanda. Sa
mort préfigurait les difficultés que ses successeurs
allaient endurer. En décembre 1996, Annette Lanjouw, coordinatrice
régionale du Programme international de protection du gorille
(PIPG), qui oeuvre au Rwanda, en RDC et en Ouganda, n'a pas pu
pénétrer dans le Parc national des Virungas
(RDC), à cause de la situation explosive du moment. Ses
collègues et elle, qui travaillent étroitement avec
les réfugiés et les organisations humanitaires,
ne peuvent qu'espérer que la souffrance humaine diminuera
et que les gorilles sortiront indemnes du chaos.
Nombre d'environnementalistes, comme Annette Lanjouw et ses collègues
du PIPG, se retrouvent en première ligne dans leur mission.
Ils font aussi la une des journaux et passent à la télévision
aux quatre coins du globe. Mais il n'en a pas toujours été
ainsi. Bien des distinctions écologiques ont été
remises à titre posthume à tel garde ou tel directeur
de parc mort pour avoir assuré sa mission. Et, au cours
des quelque 20dernières années, la situation a
empiré. Les environnementalistes doivent jouer tour à
tour les diplomates ou les "chiens de garde", agissant
secrètement avec les organismes chargés de l'application
des lois pour intercepter des animaux ou des plantes introduits
illégalement depuis des pays censés être juridiquement
armés contre le commerce d'espèces menacées.
Parfois, c'est au péril de leur vie, et parfois c'est même
au prix de celle-ci. Mais les résultats sont souvent à
la hauteur des efforts, avec des saisies spectaculaires, l'arrestation
et l'inculpation des fraudeurs, comme le tristement célèbre
trafiquant Matthew Block, qui essaya de faire passer en fraude
six bébés orangs-outans d'Indonésie vers
Moscou. Arrêté, il fut finalement emprisonné.
Les événements semblent se liguer contre la survie
des grands singes. Mais il y a aussi des bonnes nouvelles et le
cas du gorille de montagne montre à quel point le travail
d'équipe et les efforts internationaux peuvent permettre
de maîtriser les pires situations. Une vigilance constante
reste de mise. Il suffit qu'un problème soit sur le point
d'être résolu pour qu'un autre surgisse. Car ce que
nous connaissons sur le boom du commerce de la viande de brousse
et le pillage des forêts africaines par des compagnies européennes
et asiatiques ne sont que la partie visible de l'iceberg.
Toute une série d'actions générales qui peuvent
contribuer à préserver de l'extinction certains
des grands singes sont listées ci-après. Des recommandations
plus spécifiques sont parues dans African Primates, Status
Survey and Conservation Action Plan, une compilation de John F
Oates, publiée par le Groupe des spécialistes de
primates (UICN/SSC) en 1996. D'autres peuvent être trouvées
dans The Neglected Ape (Le grand singe négligé,
en l'occurrence il s'agit de l'orang-outan), édité
par Ronald D Nadler, Birute F M Galdikas, Lori K Sheeran et Norm
Rosen, et dans Action Plan for Pan Paniscus, publié en
1995 par la Société zoologique du comté de
Milwaukee (Wisconsin, Etats-Unis) et produit par un consortium
de groupes environnementalistes - dont le Groupe des spécialistes
de primates. Egalement utile: The Orang-Utan Survival Programme,
réalisé conjointement par le Ministère indonésien
des forêts et Herman D Rijksen. Ces documents sont particulièrement
intéressants pour quiconque recherche des actions et des
stratégies spécifiques aux pays ou aux sites de
conservation. Afin de rester bref et de toucher le public le plus
large possible, le WWF émet les recommandations suivantes
pour éviter que les grands singes ne disparaissent de la
planète:
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