Hong-Kong – Même si certains Chinois de Hong-Kong admettent utiliser des médicaments à base d'os de tigre ou de corne de rhinocéros, 59% de la population de l'ancien protectorat britannique recourant à la médecine traditionnelle chinoise (MTC) affirme vouloir se passer des remèdes qui contiennent des extraits d'espèces animales sauvages. C'est ce que constate un nouveau rapport de la branche est-asiatique de TRAFFIC (1).
Un sondage téléphonique réalisé par le Centre de recherche en sciences sociales de l'Université de Hong-Kong, sur mandat de TRAFFIC – Asie de l'est, a donné d'intéressantes indications sur l'attitude des résidents locaux face à l'usage de la faune et de la flore dans des préparations culinaires et médicales. Les 1 157 personnes interrogées ont été choisies au hasard mais selon une méthode scientifique garantissant que l'échantillon soit représentatif de l'ensemble de la population chinoise de Hong Kong.
“Les résultats constituent une agréable surprise, puisqu'ils montrent qu'une proportion importante des habitants de Hong-Kong se préoccupe du sort des espèces menacées utilisées par la médecine traditionnelle chinoise. Les personnes qui recourent à la MTC se sentent même globalement plus concernées par la faune sauvage que les autres“, relève Samuel Lee, responsable du Programme de TRAFFIC en Asie de l'est et auteur du rapport.
Les cas répétés de commerce illégal de corne de rhinocéros, d'os de tigre et de leurs produits dérivés à Hong-Kong ont rendu ce sondage nécessaire. TRAFFIC – Asie de l'est espère que les informations récoltées sur l'attitude et le profil des consommateurs de ces produits contribueront à stimuler la prise de conscience publique et à renforcer l'application de la loi visant à stopper le commerce illégal des espèces en danger.
L'enquête fait apparaître que les jeunes et les personnes qui jouissent d'un bon niveau d'éducation composent une part significative des 59% de la population chinoise de Hong-Kong soucieuse de l'avenir de la faune sauvage. 30% des sondés ayant fait usage de médicaments à base d'animaux menacés ont clairement déclaré qu'ils y renonceraient dorénavant, sachant que ces espèces sont protégées par la loi. En revanche, 14% ne se priveront pas de cette pharmacopée et 37% se détermineront “selon les circonstances“.
Malheureusement, plus de la moitié des utilisateurs de la médecine traditionnelle chinoise ne s'informent pas sur la composition des remèdes qu'ils emploient et font confiance aux conseils des praticiens et des vendeurs. Il est ainsi possible que beaucoup d'entre eux consomment sans le vouloir des produits dérivés d'espèces menacées. Selon l'étude de TRAFFIC, environ 1% des Chinois de Hong Kong (et plus volontiers des hommes âgés) ont admis d'emblée utiliser des médicaments où la présence d'os de tigre était clairement indiquée et 2% ont sciemment recouru à des produits à base de corne de rhinocéros.
“De telles enquêtes sont essentielles pour comprendre la dynamique du marché illégal des espèces menacées recherchées par la médecine traditionnelle“, explique Judy Mills, directrice de TRAFFIC – Asie de l'est. “Nous savons que, malgré l'interdiction, il y a encore une demande pour les remèdes à base d'os de tigre et de corne de rhinocéros; mais maintenant, nous avons une idée plus précise du profil et des motivations des consommateurs“, ajoute-t-elle.
Le sondage a par ailleurs permis d'établir que, sur le plan culinaire, les espèces “exotiques“ les plus prisées par les Chinois de Hong-Kong sont le serpent, la civette et le pangolin. Pour goûter à cette cuisine, c'est en Chine que les résidents de Hong-Kong se rendent le plus souvent. Quant à la consommation des nids de martinets, l'enquête a révélé qu'elle était en vogue chez les jeunes femmes.
Samuel Lee, TRAFFIC – Asie de l'est, tél.: +852 2973 9494. E-mail: tea@asiaonline.net
(1) TRAFFIC est le programme commun du WWF et de l'UICN chargé de surveiller le commerce des espèces sauvages.