Gland, Suisse. – L'organisation de conservation de la nature WWF a attiré l'attention sur le conflit actuel et son escalade à l'est et au nord-est de la République Démocratique du Congo (RDC) et sur ses conséquences désastreuses non seulement pour le peuple, mais aussi pour l'héritage naturel de ce pays d'Afrique centrale. Demandant à toutes les factions de rechercher une issue pacifique, le WWF plaide vivement pour le maintien des richesses biologiques uniques et de leur potentiel de développement pour la région.
Certaines des espèces les plus menacées de l'Afrique centrale, telles que le rhinocéros blanc septentrional (Ceratotherium simum cottoni) et le gorille de montagne (Gorilla gorilla beringei) peuvent facilement tomber victime de profiteurs exploitant la situation de conflit à l'intérieur et aux alentours des aires protégées commes c'est le cas des Parcs nationaux de Garamba et des Virunga.
Mme Deborah Snelson, représentante régionale pour le WWF en Afrique de l'est, à Nairobi, confirme: “La prolifération d'armes automatiques et l'interruption des activités de conservation dans les parcs est une combinaison dangereuse. Deux jeunes gorilles de montagne ont été tués le mois dernier et étant donné la portée du conflit, ceci peut se reproduire à tout moment“.
Situé aux confins des frontières entre l'Ouganda, le Rwanda et la RDC, le Parc national des Virunga a été créé en 1925. Site du Patrimoine Mondial de l'UNESCO, c'est le plus ancien parc d'Afrique. Il comprend une forêt tropicale de montagne unique. Le Parc national des Virunga, adjacent au Parc national des Volcans au Rwanda et au Parc national de Mgahinga en Ouganda, abritent ensemble la moitié des 620 derniers gorilles de montagne de la planète.
En 1994, à cause de la destruction massive due à l'afflux de près d'un million de réfugiés fuyant le Rwanda, le Parc national des Virunga a été placé sur la liste des sites du “Patrimoine en Danger“. La récente crise a coupé le personnel du parc de son siège à Kinshasa. Bien que n'ayant plus reçu de salaires depuis janvier dernier, ce personnel hautement dévoué continue de travailler là où cela est possible et en dépit de circonstances très difficiles. Cet effort est appuyé par le Programme International de Conservation du Gorille (PICG), une initiative conjointe de l'African Wildlife Foundation, de Fauna Flora International et du WWF. Le WWF travaille également autour du parc avec les communautés locales dans le domaine de l'éducation et de la conservation.
Une autre zone particulièrement sensible au conflit est le Parc national de Garamba au nord-est de la RDC, qui détient la dernière population mondiale du rhinocéros blanc septentrional l'état sauvage. Un comptage aérien effectué au mois de mai dernier a confirmé la survie d'au moins 23 rhinos.
“Nous avons perdu tout contact avec le personnel du parc de Garamba“, explique Mme Snelson. “Le chef du parc, venu pour participer à une réunion à Nairobi, est bloqué ici et le conservateur chargé de la protection des rhinocéros a été obligé de fuir le parc. Nous ne savons pas ce qui est advenu du reste du personnel ni des rhinos“.
Garamba est un habitat de savanne d'une extraordinaire beauté. C'est également un site du Patrimoine Mondial, placé sur la liste des sites du “Patrimoine en Danger“ en 1996. L'instabilité politique dans la région et au Soudan voisin ont favorisé l'intensité croissante du braconnage en 1997. La réhabilitation et la réorganisation des opérations du parc avait juste démarré quant les hostilités ont repris en août dernier.
D'autres aires protégées importantes sont également affectées par le conflit: les Parcs nationaux de Maïko, de Kahuzi-Biega, et la Réserve de Faune à Okapi. Ces deux derniers sont également des sites du Patrimoine Mondial, déclarés en danger depuis 1997.
“Le pire est que ces parcs nationaux ne sont pas seulement des aires de conservation de la nature à l'état sauvage“, dit Mme Snelson. “Ce sont des zones clés pour le développement de la région, et par conséquent doivent être protégées comme telles, afin de permettre aux populations environnantes et à leurs enfants de pouvoir bénéficier de leurs ressources biologiques et économiques, maintenant et dans l'avenir“.
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