Le développement durable: un choix s'impose

Les limites de la planification économique



Les gouvernements nationaux et les institutions internationales adoptent des stratégies diverses pour favoriser la croissance économique des pays en féveloppement. On met en chantier des barrages, des réservoirs, des centrales électriques ou des infrastructures touristiques. Mais au cours de l'élaboration et de la mise en oeuvre de ces stratégies, les considérations liées aux individus et aux communautés locales sont souvent négligées ou oubliées.

Les politiques et les pratiques économiques, comme les programmes des agences d'aide, sont conçus pour aider les pays en développement à corriger leurs déficits budgétaires et commerciaux. Mais de nombreux programmes de ce type négligent les aspects environnementaux et sociaux.

Voyons à présent les programmes dits d'ajustement structurel. Il s'agit de politiques conçues par la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international, entre autres, pour résoudre les difficultés économiques des pays en développement. Ces pays sont souvent profondément endettés et obligés de rembourser leurs dettes à des taux d'intérêt élevés, alors que les coûts de leurs importations dépassent leurs revenus à l'exportation, le tout se soldant par un déficit budgétaire important. Les programmes d'ajustement structurel prévoient, entre autres, la dévaluation de la monnaie et la levée des restrictions sur les exportations; ils peuvent exiger le transfert de ressources vers l'installation d'infrastructures pour favoriser l'industrie, la réduction des dépenses publiques ou encore des réformes fiscales pour augmenter les capacités du trésor public.

Les programmes d'ajustement structurel visent l'assainissement de l'économie. Mais ils ont inévitablement et invariablement un impact sur l'environnement. Une politique commerciale favorisant les exportations dans une économie qui dépend lourdement du bois, par exemple, risque d'entraîner une déforestation accélérée. Ceci dit, ces politiques ne sont pas toujours néfastes du point de vue de la protection de l'environnement. La réduction d'une subvention d'état à l'utilisation des énergies commerciales peut conduire à une réduction du gaspillage et de la pollution, qui résulte de la consommation des secteurs urbains aisés.

Le vrai problème réside néanmoins dans le fait que ces politiques n'ont pas tenu compte de la conservation de la nature en tant qu'élément intégral de l'ajustement. Les politiques d'ajustement qui négligent cet aspect ne sont pas viables à long terme, parce que leurs objectifs économiques sont à réaliser au dépens des ressources naturelles. Si les ressources naturelles sont en mauvais état, la croissance économique sera inévitablement compromise.

Cependant, il ne suffit pas que les programmes d'ajustement structurels et autres politiques économiques de ce type tiennent compte de la protection de l'environnement. S'il est vrai que le développement durable doit porter à la fois sur la croissance économique et la protection de l'environnement, ce concept implique aussi l'amélioration de la qualité de la vie humaine. Beaucoup de problèmes économiques et écologiques ont leurs racines dans des facteurs sociaux et politiques. Ces facteurs doivent également être pris en compte dans l'optique d'une amélioration de la qualité de la vie à l'échelle mondiale.

Dans beaucoup de pays en développement, il existe un énorme décalage entre le niveau de vie des très riches (une petite minorité) et celui des pauvres (la très grande majorité). Par exemple, au Brésil hors Amazonie, 4,5 pour cent des propriétaires fonciers possèdent 81 pour cent des terres. Les agriculteurs démunis abandonnent la région pour trouver du travail sur les chantiers en Amazonie ou dans les villes, aggravant ainsi la pauvreté dans ces endroits.

Lorsque le budget national est déficitaire, les plus riches et les plus puissants sont souvent protégés par une fiscalité peu contraignante. A défaut de s'attaquer à ce problème d'ordre socio-politique, le prix d'une réduction du déficit sera toujours payé par les plus pauvres, car il y aura moins d'argent disponible pour l'éducation et les soins médicaux de base. Pour les pauvres, les perspectives de progrès écologiques et économiques à long terme sont un luxe qu'ils ne peuvent pas se permettre.

Il s'agit là d'un aspect parmi d'autres du problème de la croissance démographique, qui constitue à l'évidence une menace pour le développement durable. Plus il y a de monde, plus la pression sur les ressources de la terre se fait sentir. La croissance démographique est le résultat d'un telle multiplicité de facteurs - économiques, religieux, culturels, éthiques, entre autres - que nous ne pouvons pas la traiter dans ce document. Mais ce problème illustre bien la question déjà évoquée de l'interdépendance des hommes et des choix difficiles auxquels ils sont confrontés. Un autre enfant, c'est une autre bouche à nourrir. Mais dans beaucoup de pays, les enfants arrivés à l'âge adulte représentent l'unique espoir de sécurité dans la maladie et la vieillesse.





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