(En Español)
(In English)
Une des personnalités qui a le plus marqué les débuts du WWF a été le célèbre biologiste britannique, Sir Julian
Huxley. Premier directeur général de l'UNESCO, Huxley était également un des fondateurs d'une institution scientifique de recherche
pour la conservation, aujourd'hui baptisée UICN (Union mondiale pour la nature).
En 1960, consterné par ce qu'il avait découvert lors d'un voyage en Afrique de l'Est en tant que conseiller auprès de l'UNESCO pour les
problèmes de conservation, Huxley publia trois articles dans le quotidien britannique The Observer, où il alertait le public sur la
destruction de l'habitat naturel et sur la chasse effrénée qui risquait d'anéantir de nombreuses espèces de la région en une
vingtaine d'années si elle se poursuivait avec la même intensité. Ces articles ont marqué l'opinion, en faisant comprendre aux
lecteurs la gravité des enjeux de la conservation de la nature.
Parmi les personnes qui répondirent à Huxley pour exprimer leurs préoccupations, l'homme d'affaires Victor Stolan
souligna le besoin urgent de créer une organisation internationale ayant pour mission de récolter des fonds afin de financer
des activités de conservation.
Cependant, Stolan ne pensait pas être la personne la mieux placée pour lancer une organisation de ce type. Huxley prit donc contact avec
l'ornithologue Max Nicholson, directeur général du Nature Conservancy britannique (l'organisme national de protection
de la nature), qui releva le défi avec enthousiasme.
Dès le printemps suivant, Nicholson avait rassemblé autour de lui un groupe de scientifiques et d'experts en marketing et en relations publiques,
qui s'étaient donnés pour objectif commun la création d'une organisation du type proposé par Stolan.
Parmi ce groupe d'experts figurait notamment un autre ornithologue, Peter Scott, un des vice-présidents de l'UICN, qui allait devenir le premier
président de la nouvelle organisation.
Le groupe décida alors d'établir son centre d'opérations en Suisse, pays neutre, où l'UICN avait déjà installé
son siège dans une villa à Morges, petite ville sur la rive nord du Lac Léman. La nouvelle organisation, qui comptait travailler en
étroite collaboration avec l'UICN, devait s'installer dans les mêmes locaux.
L'UICN fit bon accueil à l'organisation naissante. Dans une déclaration commune, les deux parties s'engagèrent à « oeuvrer ensemble
pour mobiliser l'opinion publique et sensibiliser le monde à la nécessité de préserver la nature ».
Entre temps, le panda Chi-Chi était arrivé au Jardin zoologique de Londres. Sachant qu'il fallait trouver un symbole fort, qui serait
immédiatement identifiable dans toutes les langues du monde, le groupe décida que ce gros animal pelucheux au regard attendrissant ferait
un excellent logo. Depuis, le panda noir et blanc est devenu le symbole de l'ensemble du mouvement de conservation de la nature.
Le WWF fut officiellement inscrit au registre des organisations caritatives le 11 septembre 1961. Sa mission internationale de collecte de fonds
commençait. Le groupe fondateur décida que ce travail serait mené plus efficacement à partir de bureaux situés dans plusieurs
pays. Les membres organisèrent donc des appels de fonds nationaux (National Appeals), dont les deux tiers du produit seraient reversés au
secrétariat international à Morges (aujourd'hui baptisé WWF International), le reste devant être consacré à des projets
de conservation choisis par les bureaux nationaux.
L'objectif du WWF était, d'une part, de travailler autant que possible avec les organisations non gouvernementales existantes et, d'autre part, d'accorder
ses financements en se basant sur les meilleures connaissances scientifiques du moment politique dont l'organisation ne s'est jamais départie par la
suite. Ses premiers financements allèrent à l'UICN, au CIPO (Conseil international pour la préservation des oiseaux, devenu aujourd'hui
Birdlife International), au Bureau international de recherches sur les oiseaux aquatiques, ainsi qu'à la Fédération internationale de la
jeunesse pour l'étude et la conservation de la nature.
Le premier appel de fonds national fut lancé au Royaume-Uni le 23 novembre 1961, sous la présidence de SAR le Duc
d'Edimbourg. Les Etats-Unis lancèrent le leur le 1er décembre, puis la Suisse suivit quelques jours plus tard.
Depuis cette époque, le WWF a considérablement évolué. Les appels de fonds nationaux sont devenus les organisations nationales (ON).
Vingt-six ON sont affiliées au WWF et cinq autres fonctionnent sous un autre nom en association avec le WWF. Chaque organisation nationale du WWF est
dotée d'une identité juridique propre et rend compte à son propre conseil d'administration, à ses donateurs et aux autorités
suisses. La plupart des membres du conseil d'administration et des comités du WWF International sont présidents ou membres des conseils
d'administration des organisations nationales. Des bureaux de programme et des représentants du WWF sont également présents dans de nombreux
pays du monde.
¹ |
Au cours des trois premières années de son exis-tence, le WWF a mobilisé près de 1,9 millions de dollars US qu'il a reversés
à des projets de conservation. La plupart de cette somme provenait de dons versés par des particuliers en réponse à des articles de
presse. Ainsi, dans la semaine qui a suivi la parution, dans le quotidien The Daily Mirror, d'un reportage de sept pages consacré à
l'organisation, le public a versé des dons d'un montant total de £60 000.
Certains financements accordés par le WWF pendant ces premières années étaient très importants, comme les fonds
versés à l'UICN ou au CIPO, ou encore à la Fondation Charles Darwin pour les Iles Galapagos. Le WWF finance toujours des projets dans ces
îles et a aidé le gouvernement de l'Equateur à créer le parc national des Galapagos, à maîtriser les populations
d'espèces introduites qui menacent la faune et la flore indigène et à mettre en place des programmes de recherche, de formation et
d'éducation. Les Iles Galapagos donnent aujourd'hui l'exemple même de l'intégration réussie entre le tourisme à
faible impact et les activités de recherche, de développement et de conservation de la nature.
Cependant, d'autres financements étaient beaucoup plus modestes. Ainsi, en 1962, le WWF a versé une somme de 131 dollars US « pour permettre
à Mr E.P. Gee, résidant à Upper Shillong dans la province d'Assam, de se rendre au Rann de Kutch afin d'y recenser les effectifs de la
population d'ânes sauvages et d'y observer son évolution actuelle ». Mr. Gee a recensé 870 ânes à l'époque, mais en 1975,
ils n'étaient plus que 400 et la disparition de cette espèce semblait inéluctable. Une mission de sauvetage a été
organisée, un sanctuaire a été créé pour les ânes et, au milieu des années 80, les effectifs s'étaient
redressés de façon spectaculaire pour atteindre près de 2000 individus.
D'autres sommes versées dans les premières années ont permis d'acheter une tondeuse rotative pour l'entretien de la
réserve de Masai Mara au Kenya, de financer une étude sur les singes araignées du Costa Rica, une espèce menacée, ainsi qu'au
professeur Kim Hon Kyu, président de la section coréenne du CIPO, de se rendre à une conférence du CIPO à New York
et à la toute première conférence mondiale sur les parcs nationaux à Seattle.
En 1969, le WWF s'est allié au gouvernement espagnol pour acheter une partie des marécages du delta du Guadalquivir afin d'y créer le parc
national de Coto Doñana. Cette zone humide d'importance mondiale un des tous derniers refuges de l'aigle impérial ibérique et du lynx
d'Espagne est menacé en permanence par des projets de développement agricole et touristique. Le WWF soutient toujours le parc de Coto
Doñana et fait opposition à des propositions qui visent à drainer les marécages et à canaliser l'eau pour irriguer les terres
agricoles le long de la côte et alimenter de nouveaux aménagements touristiques.