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Respirez,soufflez... C'est juste le nom de cette modeste rubrique destinée aux musiques
électoniques au sens très large du terme. Donc, ne soyez pas étonnés
d'une éventuelle présence post-rock (ou out-rock), ici. Point
d'intégrisme, tout bon disque à sa place. A ce propos, l'opus "OK Computer"
par Radiohead reste un sacré phénomène, une oeuvre majeure de cette année.
Pourquoi alors enterrer le rock? Prodigy, groupe pseudo branché en fait même
son fond de commerce. Dans des contrées plus synthétiques, quelques sorties
incontournables, des raves qui s'annulent à la pelle et une redécouverte des
vertus de l'acoustisque, résultat d'un métissage de plus en plus
cosmopolite. Si le rock est resté pronfondément anglo-saxon, les musiques
électroniques s'inscrivent dans un concept beaucoup plus mondialiste. Une
multitude d'influences qui peut, dans un certain sens, être une explication
des centaines de styles que la presse a bien voulu étiqueter ou inventer
pour tous ces Ovni sonores qui peuplent la galaxie électronique. Peut-etre
osera-t-elle l'Ambient-core? Peut-être y'aura-t-il une explication de textes
plus tard mais, pour l'instant, il faut mieux laisser la musique parler...
Maxis & EP.
L'actualité des formats courts est toujours conséquente et défricher la
Jungle n'est pas toujours chose aisée... Les deux plus gros déconneurs de la
planète reviennent, Bill Drummond et Jimmy Cauty, plus connus sous "The KLF"
mais aussi sous des patronymes plus ou moins ridicules style "The Justified
Ancient of Mu Mu, THE JAMs, The Timelords the K Fondation". Avec un maxi qui
faut ne pas prendre au sérieux. En fait les innombrables "Fuck the
Millenium" hurlés au mégaphone ne sont qu'un pretexte à une n-ième ressaucée
de l'indestructible hit "What time is Love". Au premier degré, c'est lourd.
Au 99ème, c'est totalement dingue mais fort fréquentable. DJ "Le surdoué"
Shadow nous revient avec un véritable météorite interstellaire New-wave, et
nous prouve encore ses quelques années-lumière d'avance sur le reste de la
production. Mais l'auditeur averti peut toujours essayer d'accrocher la
bonne navette. PLAID, outre un superbe album que je chronique un peu plus
loin, nous offre également un maxi "Undoneson" remarquable. Les audaces
rythmiques mélées à de superbes mélodies forment un sommet d'électronica.
"All Mine", premier extrait de l'album de Portishead, presque-samplé sur
Jonh Barry (la différence avec l'original est imperceptible) est fort
agréable mais il y mieux sur l'album... APHEX TWIN "L'autre surdoué" repart
en plein délire schizophrénique et ridiculise les filletes Prodigy avec son
Pappy Mix de "Come to Daddy". Le Little Lord Faulteroy mix faisant lui place
à des rythmiques assez folles. Inclassable mais totalement indispensable.
Les Depeche Mode, précurseurs de l'electronique pendant les années 80, font
remixer "Useless" par la crème de l'electronique actuelle:
Kruder+Dormeister, Carl Craig ou CJ Bolland. Très recommandable. Lorsque
Guidance, label (deep) house réputé, propose de la Jungle, cela reste d'un
niveau comparable aux productions habituelles du label. Bref, franchement
excellent. (Justin Tewn- Guidance 23). Le Guidance 25 (Iz and Diz
"BioFlavanaoids EP"), house deep (comme d'habitude), n'est pas mal non plus.
FEE CLOCHETTE avec ses "The lips/Cat sucker/Pussy Licker" nous propose une
Trance un peu pétasse mais toujours bonne à prendre. Enfin, coup de coeur
particulier pour VANGUARD "Affair" présent sur le CD-Sampler TRAX n°3 et
extrait de la compile COSMOS SOUND (que je cherche desespérement). Leur drum
and bass, aerien et deep atteint des hauteurs rarement atteintes. Du coup,
COSMOS RECORDS, label espagnol, tient la dragée haute à des labels comme
Mo'Wax, Compost ou Warp. Il n'y a pas que de la Maquina de l'autre coté des
Pyrénées.
PORTISHEAD "Portishead" (Go Beat/Barclay) LP/CD/K7
Evidemment, ce second album est très attendu, évidemment, tout le monde se
demande de quoi il sera fait et si Beth et Geoff feront aussi bien que le
premier. Faisant fi de toute cette excitation mediatico-musicale et des 2
millions de "Dummy" vendus, notre couple, avec la collaboration d'Adrian
Utley, nous ressert un son similaire. Portishead est vraiment une ville ou
il ne se passe rien, même trois ans après, sans doute prisonnière d'un ciel
bas et lourd pesant comme un couvercle. Cependant, on ressent une déprime de
plus en plus profonde, son intensité dépassant celle du premier opus : le
son est délibérément très crade, les craquements omniprésents faisant office
de catalyseur. La voix de Beth, parfaitement désabusée, lie un ensemble aux
sonorités et mélodies inquiétantes. Ce disque desesperé et spleenitique,
montre peut-être que Portishead n'attend rien de quiconque. Le public
attendait un disque essentiel, il l'a eu.
BJORK "Homogenic" (Mother/ Island) LP/CD/K7
BJORK s'est retirée dans son pays natal, l'Islande, pour se ressourcer
après une trop forte pression médiatique (Se souvenir de son altercation
avec une journaliste et du suicide d'un fan). Cela se ressent dans son
dernier album. Un recul nécessaire a été pris. Ici, point de présence d'un
hit Techno-pop disjoncté à la manière d'un "Violently Happy". L'album ne
contient aucun tube évident. Les cordes douces et aeriennes tranchent avec
des percussions rugueuses et syncopeés. Pourtant, la quiétude règne, telle
tel un volcan quasi-éteint baigné dans un paysage lunaire, et tout juste
perturbée par une saute d'humeur ("Pluto") dévastatrice, comme pour montrer
qu'il reste quand même quelque chose. Une maturité bienheureuse qui ne peut
que confirmer le caractère très... homogène de l'album.
DJ KRUSH (Mo'Wax)
Inutile de rappeler que Mo'Wax est un label de référence. Par contre, il
ne faut surtout pas le cataloguer dans la mouvance trip-hop vaporeux.
L'album de DJ Krush en est un parfait exemple. C'est beaucoup plus "Hip" que
"Trip". Et d'un pays plus connu pour ses Mangas : le Japon. Un point
indiscutable: en excellent DJ, Krush possède le sens du groove. Le concept
de l'album est pas compliqué: un invité, un petit speech, et un morçeau,
souvent ce sont de vrais rappeurs, mais il y a aussi DJ Cam, qui possède
d'autres talents. A l'écoute c'est franchement agréable, certains vont peut-
être même se découvrir une passion soudaine pour le hip-hop. Mais venant de
Krush, on en attendait peut-être un peu plus, l'homme vaut largement plus
que la moyenne. Un sacré problème de référentiel en fait : signé par
inconnu, ce serait l'archétype d'un excellent premier album et la découverte
d'un nouvel artiste. Ce petit coté pinailleur mis à part, c'est plutôt bien
ficelé, pas ennuyant et évitera peut-etre à certains la sursaturation en
BPM desespérément binaires.
LUKE SLATER "Free Funk"
Ce gars là est (faux) un brouilleur de pistes. Utilisant maints pseudo
pour ses productions (Planetary Assault System, 7Th Plain...), mais tous
plus ou moins associés à un style, l'astuce à du mal à fonctionner. Et,
presque logiquement, cet artiste aux multiples facettes parvient le mieux à
s'exprimer sous son propre nom. Débarrassé des barrières des pseudos et donc
des styles. Globalement, il à deux choses chez Luke : un coté Techno
dévastatrice, electro ou industrielle. Et un autre plus soft, plus
atmosphèrique bien que tortueux et toujours imprégné de ces mêmes
influences. Ces deux faces sont pourtant plutôt complémentaires et
responsables en partie du cachet de cet album: on évite le pseudo-album
entièrement composé d'une rasante succession de singles ou hits plus ou
moins évidents. Ici, Slater nous dévoile plutôt une partie de sa
personnalité, quelques confidences. Il ne reste plus qu'à s'allonger à coté
du divan et l'écouter...
BEATSYSTEM "2297" (T:me Recordings/Media 7) CD
Les accros de la mythique collection Em:t remarqueront à raison que ce nom
ne leur est pas inconnu. Soit. Pour les autres, Derek Pierce, à une
spécialité; de longues, très longues nappes analogiques variant lentement
dans le temps, quelque fois selon un effet Dopler. L'écoute d'"Endless
Downward" retranscrit du coup l'idée d'un espace forcément infini, soumis à
une quelconque force gravitationnelle qui devient une espèce d'errance sans
but. L'album contient largement ce concept mais ajoute autre chose. Dallas
Simpson est de la partie, et l'on profite ainsi de ses fameux sons
organiques. Puis, devant (ou derrière) nos nappes se dessine une autre
musique plus basée sur le rythme ou la mélodie, telle l'incursion très blues
dans "No more" Mais des passages restent un peu moins "évidents" et laissent
la place à des constructions plus audacieuses, des ambiances stressantes. Un
projet vraiment passionnant. Em:t surprend à chacun de ses disques, sauf
sur la qualité.
MADELMAN "Palais" (Cosmos records) CD
Une trés grande surprise! L'Espagne, pays o combien célèbre pour se
desastreuse et assourdissante Maquina nous propose ici un album purement
sensationnel par le biais d'un certain Mandelman. Surtout ne pas suivre
l'indication (peut-être ironique) du minimal Digipack "For Sport Use Only",
car ce disque est parfait à la maison. Subtil et raffiné,il mélange de
manière trés heureuse des accents deep, ambient, trancey et electro avec un
talent proche de la perfection. Un peu d'humour aussi, tel un "Euro-
visible/noise contest" noyant les fameux "One point, un point" des
interminables résultats du concours de l'Eurovision dans une atmosphère
electro-analogique. Des samples, moins identifiables, sont même arrachés à
notre vecteur culturel au ras des paquerettes: TF1. Et, force est de
constater que notre ami maitrise autant les ambiances légères que les
moments inquiétants ("Raccord"). Un album raffiné qui designe l'Espagne com-
me un acteur majeur de la galaxie électronique. José Padilla n'est plus
seul, les ibères n'ont pas fini de nous étonner.
PLAID "Not for Threes" (Warp/Pias) 2*LP/CD
EN cette période, on peut, avec le recul nécessaire pris, déterminer les
"indispensables", les disques qui ont marqué l'année quasi-écoulée. L'opus
d'Ed Hanley et Andy Turner (ex-Black Dog) arrive à point nommé pour faire
partie des qualifiés. Les rythmiques sont toujours complexes, les
structures, innovantes, et les arrangements classieux. Et pourtant, Plaid
évite un schéma bien connu: "intello et quelque peu chiant". Car, sans être
forcément hilarant, cet album ne se prend pas au sérieux. Certaines mélodies
sont tellement simples que les prendre pour des berceuses ne serait pas une
erreur. Mais croire à une quelconque naiveté, oui. Cela se fond de la plus
belle manière dans des compositions plutôt audacieuses, entre ambient,
electro ou electronica. Bien que largement synthétique, l'univers crée par
Andy et Ed se dilue dans parfois l'acoustique et l'organique que se soit par
les instruments (violon "Rakimou" et piano) ou par les voix prestigieuses de
Bjork (Ith) ou Nicolette (Extork, sans doute titre phare de l'album). Le
temps est venu de consacrer Plaid, auteurs d'un disque que l'on peut nommer
sans erreur possible "chef d'oeuvre".
Adelante!